Algérie

La foule



MdinaJdida. Tahtaha. Plus bas le musée Zabana. Son parvis. Des cages. Des jeunes.Des oiseaux. Drôles d'oiseaux. Plus bas, le souk au portable. Officieusementofficialisé par la force des choses vendues, par la force des choses quiarrivent d'on ne sait où. Par la force ou la gentillesse, on installe son étalet on attend. Ici, on vend, on achète, on trafique, on transporte, on échange,on court, on joue, on discute paisiblement autour d'un sni de kalantika. Ici,on fouille les ordures, on visite des poches. On attend, on vit, on demande, onse hèle, on se reconnaît.  Les minibus et les taxis dégueulent descorps, en ingurgitent d'autres. C'est l'heure du pain chaud à la padaria - ladeuxième - et des gourmandises du soir. Marmites de beignets et de fufu, grilssur lesquels attendent bananes, poissons ou épis de maïs. Je me suis achetédeux pagres grillés et je me laisse bercer par la cohue qui m'emmène commed'elle-même sur les hauteurs surplombant le port. C'est une zone réputéedangereuse, mais je n'ai rien sur moi qui puisse attirer la convoitise. Meschaussures, peut-être. Et puis, tout nous est interdit ou presque: je resteprudent, mais je ne veux pas que la peur de mourir m'accule à la peur de vivre.Ici, on croise le mendiant qui ne quémande même plus, qui reste là parce qu'onne sait pas où est la famille.  Plus haut, face à souk El-Kasbah, la prison.Une vieille femme, assise à même le sol, étale une toile cirée, quelques «kassat » fabriquées main et du mesaouk: elle les propose aux passantes, à lacriée. Un simple sourire sur son visage fatigué vous fait éclater en sanglots,comme ça, sans prévenir. Parce qu'il fallait aussi, sans doute. Ici, on seméfie. C'est un endroit à différents codes. Ici, on se méfie des voitures. Çaconduit comme des fous. Ici, on se méfie des bouches d'égout dont les plaquessont manquantes.  Des bouches qui se taisent, des bouches quirefusent de hurler la misère. Ici, la misère est silencieuse, vorace, toute deventres et de regards.  Ici, on a oublié qu'aujourd'hui on est le 1erNovembre.


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