Algérie

La Fondation Casbah au forum d'El Moudjahid: Ni cris ni chuchotements, mais des larmes!


La Fondation Casbah au forum d'El Moudjahid: Ni cris ni chuchotements, mais des larmes!
Venu en invité surprise au Forum d’El Moudjahid, l’architecte urbaniste Halim Faïdi a involontairement volé la vedette à Belkacem Babaci, président de la Fondation Casbah, qui devait donner des éclaircissements sur les «cris et chuchotements» autour de la réalisation d’une station de métro à la place des Martyrs ainsi que sur le prochain retour du canon Baba Marzoug en Algérie.

Beaucoup de gens se sont inquiétés des répercussions du chantier du métro dans cette partie d’Alger, sur la fragile Casbah, toute proche.

D’ailleurs, en été 2009, une opération d’archéologie préventive a été faite sur le site par des archéologues du Centre national de recherche en archéologie (CNRA) et de l’Institut français de recherches archéologiques préventives (INRAP).

«Nous ne sommes pas contre le métro, mais nous avons des appréhensions. Nous avons discuté avec les responsables du chantier et ils nous ont convaincus. D’ailleurs, leur représentant est là et il va vous donner plus de détails», dira Babaci au début de son intervention.

Plus tard, et en guise du «mot de la fin», il confirmera ce qu’il avait laissé entendre au début de cette conférence de presse organisée jeudi au siège d’ El Moudjahid à l’occasion de la Journée nationale de La Casbah : «La question du métro est close et nous nous excusons de l’avoir créée !»

«Nous avons fait un constat des lieux et nous avons trouvé que les bâtiments à proximité des stations de la place des Martyrs ainsi que celle de la rue Ali-Boumendjel sont en vieux bâti. Toutes les mesures pour les préserver ont été prises et les travaux se déroulent à une profondeur de 34 m», rassure M. Gani, chef du département travaux souterrains au niveau de l’Entreprise du métro d’Alger.

Le président de la Fondation Casbah est sûr que le canon Baba Marzoug sera restitué à l’Algérie.

«Il n’y a que Alliot-Marie qui était contre sa restitution. La majorité des ministres français ignoraient, d’ailleurs, qu’il se trouvait dans un musée de Brest et nous demandaient de quoi il s’agit quand on leur parlait du canon. Le problème devait être algéro-français et certains chez nous l’ont transformé en problème algéro-algérien», déplorera-t-il.

Projection vidéo à l’appui, Halim Faïdi devait parler de «La Casbah et ses environs vus autrement».

Il n’y a pas allé par quatre chemins : «Alger et dans un état lamentable. Meskoud était un visionnaire.»

La Casbah a commencé à souffrir dès le début de la colonisation avec la «percée » de rues et places «modernes» dans la médina.

Mais aujourd’hui, souligne-t-il, «le tissu colonial fait partie de notre mémoire : c’est un tribut de guerre».

Se considérant lui-même comme «un villageois d’El Biar», le jeune architecte urbaniste fait remarquer : «Chaque battisse de La Casbah que nous n’arrivons pas à sauver va nous mettre au banc des accusés de l’Histoire.»

Poursuivant son exposé, il dressera un tableau peu reluisant de la situation.

«Si au moins, La Casbah avait disparu d’un seul coup comme Agadir… Mais la voir comme ça disparaître… je m’arrête, je ne peux plus continuer…».

Halim Faïdi essuie ses larmes et retourne à son siège dans la salle sous les applaudissements.

Tous ont oublié que Abdelhakim Meziani, vice-président de la Fondation Casbah, avait annoncé une «bonne nouvelle» : le plan de sauvetage de La Casbah vient d’être adopté par le gouvernement…

Kader B.
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