La foi

Il y a, c'est la réalité qui prime sur l'idéologie. D'abord, et il existe, entre autres, ce vulcanisateur éveillé de Bouira qui rêve, entre deux rustines, que la fusée qui ira un jour sur Jupiter sera équipée de pneus dont lui-même aura vérifié la pression. Il y a cet autre, hasard des hasards, mathématicien de Béjaïa en émeute permanente, qui pense que le but ultime de la science est de rivaliser avec Dieu, que tout ce qu'Il a inventé peut être (re)créé et que le miracle n'est pas la divinité mais l'homme et ce qu'il peut faire de son humanité. Il y a ensuite les théories, elles-mêmes écrites par des humains, où chacun a son mythe fondateur, homme, femme, tribu, groupe, troupeau ou pays, ensemble géostratégique ou culturel. La culture, d'ailleurs, serait antinomique à la nature, selon les théories enregistrées, la première étant supérieure à la seconde alors que l'être humain est la seule espèce où le mâle bat et tue ses femelles.Qui croire ' Alger et Bouteflika, qui nous vend une autoroute pour rester sur place, un métro pour se déplacer sous terre sans faire de bruit politique ou qui sous-traite de l'immobilité pour freiner les appétits extérieurs ' Qui croire ' Washington et le sens de l'histoire, Moscou et
Poutine qui jure que si la Syrie tombe, c'est tout le Moyen-Orient, Iran compris, qui tombe sous le joug américain ' Faut-il croire que la liberté est le chemin le plus court vers le bonheur individuel et collectif ' Faut-il croire que l'argent est le seul moteur du développement ' Faut-il croire que le bonheur est le chemin vers la paix et l'amour le garant de la sérénité ' Non, bien sûr. Il faut juste croire, ou ne rien croire. A quelque chose ou à rien auquel il faut lui-même croire comme un néant transcendant. A quoi croit Bouteflika ' A son paradis individuel, où il n'aurait plus à faire aux Algériens. C'est pour cette raison qu'il ne croit pas à son pays.