Algérie

La Finance prise en sandwich...



La Finance prise en sandwich...
Oxi» ! Les Grecs ont donc osé?! Même sans le sou, ils étaient, en effet, plus de 61% à oser dire «non» aux directives de leurs créanciers, dont ils dépendent pourtant presque entièrement pour pouvoir accéder ne serait-ce qu'aux 60 euros de retrait, que leur permet encore l'état de leurs finances publiques. S'il n'est aujourd'hui guère de bon ton de céder béatement à l'enthousiasme révolutionnaire, il est cependant légitime de s'interroger, désormais, tant sur les péchés que sur les limites objectives de la toute puissance des marchés et de la finance mondiale.L'événement, à n'en point douter, est historique et le tournant bel et bien décisif, même s'il est encore trop tôt pour en tirer de quelconques conclusions. Depuis que le système de Bretton Woods est né, et avec lui l'hégémonie actuelle du capital, jamais, en effet, un pays en cessation de paiement n'a pu aussi ouvertement tourner le dos aux traditionnelles injonctions d'austérité, sous peine de se voir éjecté de tous les réseaux internationaux de financement. Avant même le référendum, la Grèce, en faisant défaut sur sa dette, était déjà devenue le premier pays développé à ne pas honorer une créance envers le sacro-saint Fonds monétaire international (FMI).En se mettant dans une aussi délicate position, Athènes ne faisait pas que déclarer son incapacité à payer, mais mettait carrément ses créanciers du FMI et de l'Union européenne (UE) devant leurs responsabilités quant à l'asphyxie à laquelle est condamné le pays. De cure d'austérité à cure d'austérité depuis 2010, la Grèce n'a cessé de se soumettre à l'orthodoxie du FMI et de l'UE, sans jamais parvenir à sortir la tête de l'eau.Pis encore, sacrifice après sacrifice, le pays n'a fait, in fine, que sombrer davantage dans la crise, les traitements administrés par ses créanciers n'ayant engendré que paupérisation et tensions sociales, sans jamais atténuer le fardeau de son endettement, ni amorcer la remise de son économie sur la voie de la croissance. La foule, faut-il l'admettre, peut avoir parfois raison, même si elle n'entend souvent rien aux sophistications de la Bourse, ni aux fourberies du capital.Car, en votant «oxi» dimanche, la majorité des Grecs n'a pas seulement exprimé son ras-le-bol de l'austérité, mais a peut-être rappelé tout simplement que celle-ci n'est pas forcément la solution. Dans un rapport de 2014 sur les inégalités sociales, des économistes du FMI, faut-il le rappeler, avaient eux-mêmes admis que les vieux outils de rigueur budgétaire et d'austérité, imposés parfois par le Fonds, aggravent les inégalités sociales, conduisent à d'importantes pertes d'emplois et impactent, en prime, négativement la croissance.La Grèce en a vraisemblablement fait les frais. Et avec l'issue du référendum d'avant-hier, Athènes prend à son tour l'Europe et la finance mondiale en sandwich ; entre velléités de sévir contre un mauvais élève en l'abandonnant à sa propre faillite et une peur panique de laisser un tel virus contaminer tout le système?




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)