La fin théorique des vieux

Les vieux ne meurent pas, ils démissionnent un matin. En Algérie du moins, fin décembre, les vieux devront quitter. Pas le pays, comme tous ces jeunes qui partent dans des embarcations délabrées se fracasser sur les récifs européens, mais leurs fonctions au sein de l'Etat. Tonton Sellal, qui a lui-même dépassé les 60 ans, l'a non seulement promis mais a aussi promis de tenir sa promesse, avec effet immédiat avant le 1er janvier 2015.En théorie donc, il devrait y avoir beaucoup de travail en 2015 pour ces quadragénaires et quinquagénaires qui ont été à l'école, fréquenté les universités et les instituts de management, qui savent faire des choses, gérer, compter, maîtriser, encadrer, prévoir, monter des dossiers et les démonter.Bref, tous ceux qui ne sont pas partis, à l'image de ces 80 000 cadres exilés ces dix dernières années, poussés dans le dos par deux plans quinquennaux, qui contrairement à ce qu'on pense, ne font pas un volume décimal. Mais pourquoi sont-ils partis (les cadres, pas les plans) ' Par la faute des vieux 'Non, en théorie ils sont partis chercher le bonheur ailleurs, mais en théorie aussi, il faudrait peut-être commencer à s'inquiéter de ces vieux qui se retrouveront à la retraite l'année prochaine, dés?uvrés, rejetés et peut-être avec plein de ranc?ur dans le c?ur. En théorie, ils sont trop vieux pour aller manifester devant la Présidence, pas assez souples pour monter au maquis, trop étatisés pour monter des entreprises privées et trop assistés pour s'organiser en parti de vieux.Que vont-ils faire ' En théorie, rien, ou peut-être partir ailleurs, ou rappeler sournoisement qu'il y a bien plus vieux au pouvoir et que personne ne leur a demandé de partir parce que personne n'ose, surtout pas Sellal. Partir ' L'idée rappelle cette jeune femme qui disait qu'elle aimerait ramasser ses affaires et partir vivre en théorie. Parce que, en théorie, tout va bien.