La fin du feuilleton Sarkozy Algérie - France

C´est une certitude qu´il existe maintenant une réelle volonté politique du côté de Paris comme du côté d´Alger d´aller vers de nouvelles relations qui peuvent accélérer la conclusion du traité d´amitié qui reste conditionné par la repentance de la France pour les crimes commis en Algérie et en son nom par son système colonial.
Nicolas Sarkozy avait choisi la solution trop facile, trop habile, de laisser la question de l´histoire aux historiens et de tourner définitivement la page de la guerre d´Algérie. Pour les Algériens, le travail des historiens ne peut faire l´impasse ni sur les responsabilités historiques du gouvernement de la France, ni sur le devoir de mémoire. La France a elle-même exigé et obtenu les excuses de l´Allemagne pour les crimes commis par les nazis au nom du peuple allemand. Un acte qui a soulagé l´âme des Allemands et les a réconciliés définitivement avec la France.
L´approche Hollande
A la différence de Nicolas Sarkozy qui tient de solides relations avec les partisans de l´«Algérie française», ne souffrant d´aucun complexe à ce sujet pour avoir été pour l´indépendance de l´Algérie, François Hollande a une meilleure vision des relations globales entre son pays et son ancienne colonie. Il comprend mieux ce que valent pour l´Algérie les «excuses» de la France. Sa première visite d´Etat hors Union européenne, il entend la réserver à l´Algérie où il prévoit de se rendre à la rentrée.
Ce sera un événement très médiatisé puisqu´il s´agira de retrouvailles entre les deux pays et leurs deux peuples qui sont unis par des liens humains. C´est à Alger qu´il a dépêché aujourd´hui son ministre des Affaires étrangères pour déblayer le chemin vers des «relations d´exemplarité», selon la formule utilisée dans le communiqué publié par Bernard Valero, porte-parole du Quai d´Orsay. C´est le premier déplacement dans le Monde arabe du chef de la diplomatie française Laurent Fabius qui s´entretiendra avec son homologue Mourad Medelci et sera longuement reçu par le Président Bouteflika.
Des dossiers lourds sur la table
Longuement, parce que les entretiens porteront sur des questions de politique étrangère qui préoccupent au plus haut point non seulement les deux pays, mais également toute la communauté internationale. Le «printemps arabe» sur lequel l´Algérie a exprimé sa position au début et en toute franchise sera, bien sûr, au menu. La guerre de Libye qui a fait des ravages dans ce pays voisin a eu des conséquences désastreuses sur la région du Sahel.
Du fait de la circulation des «armes sans frontières» dans cette région, le Mali est en proie à l´instabilité politique alors que le nord de son territoire est tombé entre les mains des groupes extrémistes d´Ansar Dine, soutenus par Al Qaeda au Maghreb islamique et sa branche dissidente, le Mouvement pour l´Unicité et le Jihad en Afrique de l´Ouest.
Jeudi à Nouakchott, la réunion des chefs d´état-major de la ligne de front a insisté sur le soutien multiforme que le gouvernement malien attend de ses voisins pour préserver son unité territoriale. C´est cette position constante que la diplomatie algérienne soutiendra aujourd´hui à l´occasion de la visite de M.Fabius, comme elle plaidera pour une solution diplomatique rapide à la crise syrienne et pour que soit mis fin à la colonisation de la Cisjordanie. Ce sont, entre autres, les thèmes qui vont émerger de la visite à Alger du ministre français des Affaires étrangères.

Des relations hissées au niveau des liens humains
Pour les observateurs, il ne fait aucun doute que les gouvernements algérien et français constateront leur convergence de vues sur ces questions internationales. Au plan bilatéral, la relance de la coopération économique et l´impulsion de liens de partenariat va de soi. L´élection du président François Hollande a apporté les promesses
d´un renouveau des relations de la France avec non seulement l´Europe, mais aussi avec l´Algérie qui est la priorité de ses relations avec le Maghreb et le Monde arabe dans son ensemble. Des relations que l´Algérie espère voir être hissées au niveau des relations historiques, car l´histoire, ce n´est pas seulement les tragédies de guerre, mais aussi culturelles ; les Algériens sont le premier peuple francophone après les Français bien sûr, et humains puisque des millions de binationaux se sentent aussi bien français qu´algériens.