Algérie

La fin d'une idylle Edito : les autres articles



Comme beaucoup le craignaient, la situation en Egypte, après la déposition du président Morsi par l'armée, devient de plus en plus tendue. Les affrontements qui ont eu lieu hier matin entre les partisans du président déchu et les militaires ont fait une cinquantaine de morts. Il n'en fallait pas plus pour que le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), le bras politique des Frères musulmans dont est issu Mohamed Morsi, appelle à un «soulèvement du peuple contre ceux qui sont en train de lui voler sa révolution avec des chars» et mette en garde «contre l'apparition d'une nouvelle Syrie». La confusion la plus totale règne au Caire, où immédiatement après la fusillade, les autorités ont ordonné la fermeture des locaux du siège du parti des Frères musulmans. Malgré la décision du président par intérim ordonnant l'ouverture d'une enquête, la tension n'est pas retombée pour autant.Bien au contraire, à l'étranger, le Qatar, principal soutien financier politique des islamistes égyptiens après leur arrivée au pouvoir, et le mouvement Hamas palestinien ont réagi aussitôt pour «dénoncer avec force ces actes déplorables qui ont fait des victimes innocentes». Le prédicateur attitré de l'émirat, de sa chaîne de télé Al Jazeera et non moins guide spirituel des Frères musulman, Youssef El Qaradaoui, lui-même d'origine égyptienne, est allé plus loin n'hésitant pas à demander à l'armée de rétablir le président Morsi dans ses fonctions. Devant cette escalade verbale, les militaires égyptiens ont «mis en garde contre toute atteinte à la sécurité». Plus prudent, l'imam de la mosquée Al Azhar du Caire a préféré se mettre en retrait de ce bras de fer qui oppose l'armée aux salafistes.
Les événements de ces derniers jours en Egypte et dans une moindre mesure la situation qui prévaut en Libye et en Tunisie sont sans doute la preuve que cette union idyllique entre l'islamisme politique et la démocratie, née du «printemps arabe» et vantée par le Qatar et sa chaîne satellitaire, n'aura pas duré plus d'une saison. La charia est loin d'être soluble dans la démocratie, comme on a pu le constater une fois de plus en Tunisie, par exemple, où des comédiens agressés par des «salafistes» ont été présentés devant le juge, accusés par la police d'attentat à la pudeur ! Tandis qu'à Tripoli, des Libyens excédés par les agissements des milices armées ont manifesté pour demander au pouvoir central leur dissolution.
Pour ne pas avoir compris l'aspiration démocratique des peuples arabes, longtemps étouffée par l'autoritarisme des régimes absolus que ce soit au nom du nationalisme, du socialisme ou de la religion, les nouveaux dirigeants de ces pays sont sanctionnés par la rue, à l'instar des islamistes égyptiens. Morsi, pourtant élu par une majorité qui a choisi avant tout de sanctionner son rival représentant l'ancien régime, n'a pas été à la hauteur des aspirations et des attentes des millions d'électeurs, en tant que représentant des Frères musulmans et de la «solution islamique» qu'il préconisait avant et au lendemain de son élection. Une année plus tard, l'échec du président aura été patent face aux problèmes économiques et sociaux et surtout devant le risque de tensions confessionnelles que pouvait générer un autoritarisme islamiste.


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