Algérie

La fin d'une époque



L'Arabie Saoudite est dans de mauvais draps. Un rapport de la CIA, rendu public par le gouvernement américain, accuse ouvertement le prince héritier, Mohamed Ben Salmane, d'avoir «validé» l'assassinat de l'Américano-Saoudien Jamal Khashoggi, chroniqueur au Washington Post, tué et découpé en morceaux avant d'être dissous dans de l'acide dans le consulat d'Arabie Saoudite à Istanbul en 2018.Le rapport a été mis sous le coude par Donald Trump pour lequel MBS était un allié précieux pour permettre à Israël de pénétrer profondément le Proche-Orient.
Pour cela, le prince héritier a noué des rapports stratégiques avec Jared Kushner, gendre du président américain et allié inconditionnel d'Israël. Les deux hommes se sont même entendu pour saborder tout projet de paix réelle au Maghreb.
Malheureusement pour MBS et la monarchie saoudienne, Trump n'a pas été réélu et Biden, qui a traité l'Arabie Saoudite d'Etat «paria» durant sa campagne électorale, a décidé de remettre les pendules à l'heure. Non pas que les Etats-Unis sont devenus des parangons de vertu en matière des droits de l'homme, mais le nouveau locataire de la Maison-Blanche a décidé de s'attaquer aux aspects sulfureux d'un Trump qui n'a pas hésité à se vanter en disant à l'époque des faits : «J'ai sauvé sa peau», en parlant de MBS.
Dans le document de la CIA, celui-ci est accusé d'avoir ordonné de «capturer ou tuer» Khashoggi, alors que Mike Pompeo, alors secrétaire d'Etat, a osé mentir en prétendant «qu'aucun élément» direct ne permet de mettre en cause le futur roi. Le nouveau Président américain a décidé de limiter cette encombrante proximité en commençant par mettre fin à l'aide militaire consentie à l'Arabie Saoudite dans sa guerre contre les Houthis du Yémen. Sans toutefois remettre en cause les accords du Quency de 1945, qui garantissent aux Etats-Unis l'approvisionnement en pétrole d'Arabie Saoudite en échange de quoi ils assurent la protection de la monarchie... Aujourd'hui, les Américains ne sont plus totalement dépendants de cette matière première parce qu'eux-mêmes produisent en abondance et exportent même du pétrole et du gaz de schiste.
C'est pourquoi ils se sont permis, à la lumière de ce scandale, d'interdire l'accès au territoire américain à 76 personnalités saoudiennes impliquées dans cette affaire. Sauf MBS. Ils pensent sans doute que Riyad reste un allié précieux et que, par conséquent, il n'est pas productif pour les intérêts américains de mettre sur liste noire un futur roi. Plusieurs organisations américaines des droits de l'homme ne l'entendent pas de cette oreille. Elles considèrent que l'administration américaine n'a pas été jusqu'au bout en ne cherchant pas à punir MBS, surtout que la victime est un citoyen des Etats-Unis.
La Fondation des droits de l'homme, basée à New York notamment, a été virulente et n'accepte pas des concessions faites au nom de la raison d'Etat. Une chose est sûre : le rapport de la CIA met fin à l'arrogance affichée jusque-là par MBS aussi bien à l'intérieur du royaume qu'à l'international. Washington lui a déjà coupé l'herbe sous le pied en annonçant que le Président reconnaît à l'avenir comme seul interlocuteur le roi Ben Salmane. Incontestablement, l'influence du royaume baissera.
C'est surtout Israël qui perd un allié précieux, lequel a été son cheval de Troie au Proche-Orient. La voie est ouverte pour les autres monarchies de la région pour essayer de s'imposer. L'Iran, lui aussi, aura davantage les mains libres pour imposer sa stratégie.
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