Algérie

La fin d'une chimère nommée Oslo



La fin d'une chimère nommée Oslo
L'Organisation de libération de la Palestine a décidé de rompre la coopération sécuritaire avec Israël. La nouvelle met la puissance occupante devant l'embarras. Mais aussi certaines capitales occidentales qui refusent de jouer leur rôle de «garant» du droit international sur cette question. Cette fameuse coopération sécuritaire qui englobe «le maintien de l'ordre, la coordination aux points de passage, l'octroi des laissez-passer et certaines fonctions administratives» a déjà été interrompue au c?ur de la deuxième Intifadha, et aussi de façon temporaire en 2000. Mais cette fois-ci le Conseil central de l'OLP «appelle la puissance occupante à prendre toutes ses responsabilités envers le peuple palestinien dans l'Etat de Palestine occupé». Le ton pour le moins ferme est révélateur des conséquences que pourraient induire une telle mesure pour le peuple palestinien. Sur le terrain certaines conséquences sont à attendre, comme la dissolution de la police palestinienne créée en 1994 dans le sillage des accords d'Oslo sur «l'autonomie». La puissance occupante serait dans l'obligation d'assumer ses obligations minimales exigées par le droit international en attendant «le règlement du conflit». En annonçant la fin de leur coopération sécuritaire avec Israël les Palestiniens sont, de leur côté, revenus au principe de réalité dans leur long combat contre l'occupation. Selon le principe que les droits s'arrachent et ne s'offrent pas, les Palestiniens, dans leur diversité politique, devraient s'installer dans une lutte tous azimuts contre l'occupant. D'autant plus que cette coopération n'avait rien apporté concrètement à un peuple soumis à la colonisation et au déni de droit permanent. Sur le terrain la partie palestinienne avait à l'évidence plus à perdre au travers de cet engagement paraphé que le colonisateur, qui détient toutes les cartes sécuritaires en main et qui dispose de l'appui implicite des capitales occidentales. Plusieurs fois annoncée et jamais exécutée cette décision importante devrait mettre la partie occupante devant ses propres responsabilités, mais aussi placer la «communauté internationale» face à ses engagements internationaux jamais appliqués. Pour les observateurs de la question palestinienne cette décision pourrait constituer une avancée de plus dans l'activisme diplomatique en vigueur actuellement par la direction palestinienne. Cette dernière, agacée par l'échec des sempiternelles «plans de paix» sans lendemains à l'image de l'initiative américaine en 2014, aura «suivie le voleur jusqu'au pas de la porte». Les «processus de paix» n'ont fait que perpétuer la colonisation et prolonger le grignotage des terres palestiniennes. Autant d'éléments vérifiables sur le terrain. Aménagée par les Accords d'Oslo conclus en 1993, la coopération, dont les termes restent, jusqu'à ce jour, secrets, aura surtout aidé à perpétuer un fait : l'occupation. L'Autorité palestinienne avait toutes les difficultés à appliquer dans les faits des accords qui profitaient surtout à Israël et étouffaient toutes velléités de s'opposer à l'ordre colonial. Ce qui provoqua une crise entre les différentes factions palestiniennes dont le pic aura été la «guerre» fratricide Fatah-Hamas. L'Autorité semble aujourd'hui fatiguée de jouer les supplétifs des occupants alors qu'Israël s'emploie, indirectement, à dépouiller les institutions palestiniennes de toute autorité et à poursuivre l'expansion.La lutte à tous les niveauxLe président Mahmoud Abbas avait déjà entamé ce virage qualitatif en choisissant de (re)placer la cause palestinienne dans la sphère internationale et de ne plus compter sur des négociations stériles. Fin 2014, les Palestiniens tentent d'arracher une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU fixant un terme à l'occupation. Début 2015, la Palestine demande l'adhésion à la Cour pénale internationale avec l'intention proclamée de poursuivre les dirigeants israéliens pour les crimes de guerre perpétrés contre les Palestiniens.Aujourd'hui, cette rupture de la coopération sécuritaire avec l'occupant semble s'inscrire dans cette lutte tous azimuts contre l'ordre colonial. Cependant avec cette décision du Conseil central de l'OLP c'est bien un des derniers pans du fameux Accord d'Oslo qui tombe. Un des derniers auquel Israël tenait tant, lui servant d'argument pour perpétuer l'ordre établi. Israël voulait au travers de cette coopération contre nature donner l'image d'une puissance occupante dont le souci est d'appliquer les «accords internationaux», mais en réalité faisait appliquer sa politique de colonisation permanente. C'est la fin d'une chimère appelée Oslo.Cette «rébellion» de l'OLP ne sera pas évidemment du gout des alliés occidentaux d'Israël, qui n'ont eu de cesse de peser de tous leurs poids pour maintenir cette chimère qui ne servait que l'occupant en imposant le fait accompli. Sur le terrain la réalité des Palestiniens n'aura guère évolué depuis Oslo. Entre la bande de Ghaza maintenue dans sa situation de prison à ciel ouvert et la Cisjordanie grignotée en permanence.M. B.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)