Algérie

La fin d'une aventure sans gloire ni prouesse


La plus longue guerre des Etats-Unis a pris fin, hier, soir avec le transfert de la représentation diplomatique au Qatar. Une minute avant le gong de minuit, le dernier avion transportant des soldats, de l'armement et... l'ambassadeur américain a quitté la piste de l'aéroport de Kaboul, respectant à la lettre la limite du 31 août décidée par le président Joe Biden qui fait face, depuis plusieurs jours, à de violentes critiques du camp républicain. Avec cet envol in extremis, ce sont plus de 120 000 personnes qui ont fui la prise du pouvoir par les talibans, 20 ans après l'avoir perdu face à des Etats-Unis «venus les punir» pour les attentats du 11 Septembre. Enivrés par cette retraite mouvementée de la première puissance mondiale, les talibans ont manifesté bruyamment leur joie et rappelé qu'ils avaient auparavant réservé le même sort aux Britanniques puis à l'URSS. Image terrible, cinq des treize soldats américains tués dans l'attentat attribué à Daesh avaient 20 ans, et ne connaissaient des attentats du 11 Septembre que les images d'archives. Plombée par les menaces d'Al Qaïda, le retrait américain a ainsi «bénéficié» de la protection des talibans, rendant encore plus amère l'opération d'évacuation déployée par le Pentagone. Le meilleur hommage leur a, du reste, été rendu par le général Kenneth McKenzie, chef du Commandement central des forces américaines qui a constaté que «les talibans ont été très pragmatiques et très professionnels». Après cela, no comment!Pendant vingt ans, les Etats-Unis se sont acharnés à transformer l'Afghanistan en une base opérationnelle pour la défense de leurs intérêts dans la région, persuadés que l'exemple de certains Etats du Golfe servirait de modèle convaincant. Mais le gouvernement qu'ils ont soutenu a démontré ses limites et son faible ancrage dans la société, de sorte qu'il s'est aussitôt effondré dès l'annonce du retrait américain, sans que les talibans aient besoin de lui porter un quelconque coup de grâce. Reste la grande incertitude du sort réservé à la population, en général, et à l'armée régulière, en particulier, l'une et l'autre ayant été durement éprouvée par des années de combats incertains; avec des milliers de morts et de blessés. Les dirigeants talibans ont multiplié les promesses d'un new deal, assurant qu'ils ont changé par rapport aux années 2000, et s'engageant à reconnaître aux femmes afghanes un statut moins oppresseur que par le passé. Mais le doute subsiste qui pousse l'ONU à exhorter au respect des droits de l'homme tandis que les Etats-Unis mettent en avant leur «immense sacrifice», avec 2350 morts et une perte financière de 2300 milliards de dollars pour «exiger» des talibans qu'ils «respectent les engagements» pris lors des tractations de Doha. Toujours est-il que le retrait, engagé par l'ancien président Donald Trump qui, aujourd'hui, réclame la «démission» de Joe Biden, s'est achevé, tard hier soir, signifiant la fin d'une aventure sans gloire ni prouesse.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)