Une année seulement nous sépare de l'élection présidentielle qui devra reconfigurer le visage politique de l'Algérie, dans un sens ou un autre : soit le pays se libère du système politique, soit il reconduit le statu quo actuel.A ce jour, les deux options restent ouvertes, aucune des deux ne semble l'emporter sur l'autre, mais la balance pèse plutôt du côté de l'opposition au régime politique incarné par Bouteflika. Force est de relever que le scrutin à venir sera bien différent des élections passées : les autorités en place ne disposeront plus des atouts antérieurs et n'évolueront plus en terrain conquis. Car fondamentalement l'Algérie a changé et évolue à vive allure. Bouteflika, s'il décide de briguer un 5e mandat, hypothèse toujours possible, sera, plus qu'auparavant, lourdement handicapé par sa santé physique. Il devra recourir, pour sa campagne électorale, à son entourage politique dont l'efficacité est loin d'être garantie, tant il est discrédité. En outre, le chef de l'Etat sera privé de cette manne financière illimitée d'antan que lui permettait l'engagement de l'administration à ses côtés, bien qu'il puisse toujours compter sur l'argent en provenance de sponsors privés, notamment des poids lourds du patronat.
Et puis la crise économique et sociale s'est installée structurellement, faisant oublier l'Algérie de l'aisance financière, de la rente abondante et des lendemains «enchanteurs»... Les Algériens ne croient plus en rien, tant leur quotidien est devenu difficile, encore moins au pouvoir politique qui n'a pas su anticiper la crise. Tout le monde assiste impuissant à la dérive du pays. Le mythe Bouteflika a vécu. Il a été épuisé en 18 années de règne absolu, dont le bilan se limite à une folie dépensière sans résultats probants pour le futur du pays. Le fonds de commerce de la réconciliation nationale a vécu. Avec le retour en force de l'islamisme politique, les Algériens ont saisi toutes les limites de la loi sur le retour des repentis des maquis.
Du jour au lendemain, ces derniers ont recouvré tous leurs droits de citoyen, leurs méfaits et meurtres effacés par l'administration qui s'est substituée à la justice. Leur arrogance et leur soudain enrichissement sont toujours très mal perçus au sein de la société. Sur cette question, aucune avancée n'a été introduite par Bouteflika. La décennie 1990 reste toujours une plaie béante, ravivée par le retour en force du discours intégriste accompagné d'inquiétantes pratiques sur le terrain.
Enfin, en matière de bilan général, le président de la République ne peut plus cacher l'impasse économique et sociale dans laquelle sa politique a conduit le pays.
L'Algérie a raté le train du développement par le fait d'une politique d'épuisement des ressources. La distribution de la rente a été sa seule stratégie. Elle s'est effondrée au moment de la chute des revenus tirés des hydrocarbures. L'endettement extérieur pointe après le passage par le recours à la planche à billets, décrié par tous les experts, dans une atmosphère de crise sociale sans précédent. La faillite du pays peut intervenir l'année même de l'élection présidentielle. L'opposition n'aura pas de mal à malmener le candidat du système pour avril 2019, Bouteflika ou un autre, qui ne pourra plus recourir, dans la totale impunité, à la fraude électorale.
De nouveaux mécanismes juridiques de surveillance des élections existent, bien que globalement en faveur du candidat du système. Mais l'opposition, forte de l'expérience des dernières élections législatives, saura les utiliser efficacement pour dénoncer les éventuels abus des autorités. Ce n'est pas un hasard si, aujourd'hui, Bouteflika tient un discours de conciliation vis-à-vis de l'opposition. Il a compris que le temps de la confrontation directe et du mépris est révolu. Il cherche à sauver quelques meubles et entend surtout se réserver une porte de sortie honorable.
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Posté Le : 22/03/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ali Bahmane
Source : www.elwatan.com