Algérie

La fin cinématographique du cinéma



La fin cinématographique du cinéma
Il est facile de signer un mandat de dépôt, il suffit de gribouiller quelque chose au bas du document pour que celui-ci prenne effet. Il est moins facile de faire un film et encore moins facile de faire un pays. Sans s'attarder à se demander qui actionne la justice, Sellal ou John Wayne, on peut imaginer qu'à cette allure il ne restera bientôt plus qu'un seul film à voir dans les salles, cette série insipide sur la vie dans la forêt, avec ses décors à huis clos en différé de Zéralda et ses lumières calculées, effets spéciaux et maquillage, figurants et microphones HF.Avec son montage final, une séquence de vie expliquant que tout va bien. Sauf que tout le monde ne va pas bien, surtout pas cette pauvre Madame Nedjaï, responsable des autorisations de tournage qui va passer l'Aïd en prison avec Benaïssa et Hartouf. Faut-il rappeler que cette dame n'est ni policière ni ne travaille aux Domaines, qu'elle n'a pas à savoir si le propriétaire d'un local a enlevé des scellés ou s'il y a eu dedans un meurtre au siècle dernier et n'est là que pour donner des autorisations sur la base d'un synopsis et registre de commerce ' Non, c'est inutile, et le pire peut-être est dorénavant la difficulté d'obtenir une autorisation de tournage.Qui va oser signer maintenant un tel papier sans avoir peur d'aller en prison, d'autant que le ministre de la Culture, l'employeur de Madame Nedjaï, s'est totalement désolidarisé d'elle, annonçant même qu'elle ne faisait plus partie du ministère ' C'est bien dommage, le nouveau cinéma algérien renaissant, auréolé de prix à l'international et poussé par une jeune génération autant ambitieuse que technique et artistique, va s'effondrer devant cette dynamique cassée par l'immobilisme et la menace permanente. Cette génération va devoir revenir à la photographie, qui ne bouge pas, ne parle pas et n'entend rien. La fin d'un film commence toujours par un générique.


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