Algérie

La fille des Aurès



Résumé : Hakima et ses parents se rendirent dans une clinique privée pour les prélèvements requis pour un test ADN. Hakima voulait lever tous les doutes, et seul ce test confirmera son appartenance à la famille de Si Mustapha. Faouzi semblait inquiet. Il avoue à Kamel qu'il avait peur de perdre Hakima.À leur retour à la maison, ils trouvèrent Nabil et sa petite famille qui venaient d'arriver de Constantine.
Le frère cadet avait beaucoup d'allure et était habillé avec soin. Nadia, sa jeune femme, quant à elle, semblait sortir tout droit du magazine Vogue. Habillée d'un tailleur-pantalon de couleur blanche sur une chemise d'un rose indien, elle portait des cheveux coupés court et colorés, et était maquillée avec recherche.
Les effluves d'un parfum de grande marque embaumaient le salon où Naïma venait de servir des boissons.
Nabil s'approche de ses parents qu'il embrassa sur le front et regarde Hakima.
- C'est donc toi ma petite s?ur '
Hakima ébauche un sourire.
- Peut-être que oui, peut-être que non.
- Nous venons d'effectuer le test ADN, lance son père. Cette petite y tenait tellement.
- Cela va de soi, lance Nadia d'un air hautain, sait-on jamais d'où sort cette femme !
L'atmosphère se chargea d'électricité. Hakima se sentit gênée, et comme pour chercher du réconfort, elle s'était tout bonnement rapprochée de Faouzi.
Ce dernier lui prend la main et la garda dans les siennes.
- N'aie pas peur, tout ira bien pour toi, lui chuchote-t-il.
Nadia la dévisage un moment avant de lancer :
- C'est donc toi la fille de l'orphelinat '
Hakima lui jette un regard meurtrier. Contrairement à Naïma, cette femme semblait prête à déclarer la guerre. Mais pourquoi ', se demande-t-elle. Elle ne me connaît même pas.
Nadia poursuit :
- Une fille élevée dans une institution d'Etat, qui, un quart de siècle après, cherche après ses parents, et tombe sur une famille riche et aisée. Que demander de plus, lorsqu'on est sans racines. Bravo ! L'étude a été menée d'une main de maître à ce que je vois.
- Quelle étude ', demande Hakima d'une voix où perçait la colère.
Nadia hausse les épaules.
- Eh bien, ne me dites pas que vous n'avez pas fait de recherche sur notre famille. Notre famille en particulier. Vous avez tout bonnement tout appris sur la disparition d'un bébé, et hop, vous voilà transformée en victime. C'est ça ou je me trompe '
Hakima est sidérée. Elle devint muette, et ne put même prononcer un mot. Faouzi la rassure.
- Ne lui répond pas, elle veut te saper le moral.
Si Mustapha se lève d'un bond.
- Nadia, si tu t'entêtes à t'adresser sur ce ton à notre fille, je t'avertis que je vais devoir réagir d'une manière à laquelle tu ne t'y attendais pas.
Nadia ébauche un sourire mauvais et se met à siroter son thé à petites gorgées sans répondre. Nabil, qui vraisemblablement n'avait aucune autorité sur sa femme, lance d'une petite voix :
- Hakima. C'est bien ton prénom, n'est-ce pas '
La jeune fille hoche la tête, et Nadia la dévance.
- C'est le prénom qu'on lui a attribué à l'orphelinat. Elle ne connaît pas encore son véritable prénom.
- Je ne veux pas le connaître, s'écrie Hakima en se levant d'un bond.
Faouzi la tira par la manche, mais elle se dégage.
- Sachez madame que je n'ai fait aucune enquête. Je ne soupçonnais même pas l'existence de ces braves gens qui se prétendent mes parents et ma famille. Je n'ai jamais pensé à entamer des recherches dans ce sens. Il se trouve que quelqu'un avait pris la liberté de le faire à ma place. Je ne suis pas ici pour diviser la famille ou pour créer des conflits. Je ne vous connais pas. Vous non plus d'ailleurs, et de ce fait je ne comprends pas votre animosité à mon égard.
Nadia hausse les épaules avec mépris.
- Vous ne pouvez pas prétendre à une relation avec une femme de mon rang. Vous n'êtes qu'une...
- En voilà assez !, s'écrie Si Mustapha qui, à l'instar de sa femme, avait suivi tout la scène avec un froncement de sourcils qui en disait long sur ses pensées. Il jette un coup d'?il à Nabil qui baisse les yeux, impuissant.
- Nabil, si tu ne sais pas faire taire cette vipère, je vais devoir te demander de quitter les lieux et de l'emmener loin d'ici. On t'avait demandé de venir pour rencontrer celle qui pourrait être ta s?ur, je ne vois pas l'utilité de la présence de cette langue pendue chez moi.
Nadia se met à rire.
- Tu vois que j'avais raison, Nabil. Je t'avais prévenu. Cette fille va diviser la famille. Cela commence bien déjà. Au fait, père Mustapha, le vieux est-il au courant de toute cette mascarade.
- Le vieux ', demande Kamel. Tu veux parler de notre grand-père Mabrouk '
- Qui donc d'autre ' Je suis certaine que cette "trouvaille" ne va pas l'enchanter. Vous allez devoir vous départager les biens. Et avec qui !
Kamel regarde son frère.
- Nabil, je ne sais pas dans quelle pâte tu es pétri, mais franchement ta femme dépasse les bornes.
Sans laisser à quiconque le temps de la devancer, Nadia s'entête.
- Vous n'êtes même pas sûr que cette fille est de votre sang, que vous êtes déjà à ses pieds. Je ne fais que vous rappeler que les biens de Si Mabrouk doivent revenir à qui de droit. Ai-je exagéré là-dessus '
Hakima écarquille les yeux de stupeur.
Cette femme va vite en besogne.
Elle se lève et tire Faouzi par le bras.
- Allons-nous-en, Faouzi. Nous devrions rentrer sur Alger maintenant. Je t'ai suivi jusque-là, mais je crois qu'il est de mon devoir maintenant de te rappeler qu'on a un travail qui nous attend. Nous avons perdu assez de temps comme ça.

(À SUIVRE)
Y. H.
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