Algérie

La fille des Aurès



Résumé : Le vol de Cannes marquait une bonne demi- heure de retard. Nawel faisait le pied de grue dans le hall de l'aéroport et repensait à la curieuse proposition d'Ammir Kumar. Le jeune diplomate voulait demander sa main. Enfin, elle récupère Hakima et se promet de lui en parler au plus tôt. Nawel semblait fatiguée, ses yeux cernés auguraient d'une grande agitation.- Oui. Assez bien. Je suis un peu claquée ces derniers temps.
Et toi ' Comment cela s'est-il passé à Cannes '
- Formidablement bien. Tu ne peux pas imaginer ce qu'on pourrait apprendre au contact de toutes ces grandes stars venues du monde entier. Il y a cet amalgame de cultures et d'affinités et une grande concurrence entre producteurs, réalisateurs et acteurs. Un monde cosmopolite. Un univers de couleurs et de paillettes.
- Quelle chance ! Tu me raconteras plus tard en détail ce séjour de rêve. Dépêchons-nous donc de rentrer, tu dois être fatiguée par tous ces évènements et le voyage.
Hakima dépose sa valise dans la malle du véhicule et referme la portière d'un coup sec.
- Tu me déposeras tout d'abord à la rédaction. Faouzi m'a appelée juste avant l'embarquement. Il a insisté pour que je passe le voir dès mon arrivée.
- Faouzi était absent. Il est rentré hier soir. Nawel se demanda si elle devait révéler à Nawel que Hamid était passé la voir pour lui demander un renseignement des plus délicats sur elle. Mais elle préféra garder le silence sur ce fait. Si Faouzi était rentré, c'est qu'il avait réussi à retrouver la famille de Hakima. Pourvu que le choc ne soit pas trop dur pour elle.
Elle regarde son amie et lance :
- Ammir vient de demander ma main. Au téléphone s'il te plaît !
Hakima ébauche un sourire et hausse les épaules.
- Quand un c?ur se casse, il ne fait pas de bruit, mais fait des ravages. Je t'avais dit que cet Indien te dévorait des yeux.
- Mais tu n'y penses pas. Je vais épouser un Indien !
- Quel mal y a-t-il à cela ' Avant tout, si cet homme te plaît, pourquoi refuser '
Nawel man?uvre pour sortir du parking et se retourne vers son amie.
- C'est toi qui parle ainsi '
- Oui. Je te réponds dans la logique des choses.
- Parfait. Mais je te rappelle que tu avais repoussé quelqu'un qui t'aimait aussi. Tu n'avais pas hésité à piétiner son c?ur. Les ravages seront peut-être plus importants de ce côté-là.
Hakima pousse un long soupir et s'étire sur son siège.
- Ce n'est pas du tout pareil, Nawel. Tu connais mes raisons.
Nawel tapote la main de son amie.
- Elles ne sont pas aussi valables que les miennes.
Hakima se redresse.
- Tu veux dire que tu vas refuser Ammir '
Nawel accélère et prend l'autoroute.
- Je n'en sais encore rien. Mais si je dois suivre la raison, il y a de fortes chances pour que je repousse cette demande.
EIles arrivèrent à la rédaction. On était en fin de journée, et il ne restait que l'équipe technique et quelques journalistes qui venaient de rentrer de leurs différentes missions.
Hamid vint à leur rencontre.
- Ah voici nos revenantes !
Il embrasse Hakima sur les deux joues et serre la main à Nawel.
- Tes articles sont très bien passés, chère amie. Tu nous as gâtés avec ces "clins d'?il" quotidiens à partir de Cannes. Tu t'es bien débrouillée, et je suis très fier de toi.
Il allait continuer, lorsque Faouzi sortit de son bureau.
- Ah te voilà Hakima ! J'étais si pressé de te revoir, que dès que j'ai entendu ta voix dans le couloir je n'ai pas pu résister. Allons dans mon bureau, j'ai quelque chose de très important à t'apprendre.
Ignorant Hamid et Nawel, il entraîne Hakima vers son bureau. Cette dernière se laisse tomber sur une chaise et croise les jambes.
- Je t'écoute Faouzi. Qu'y a-t-il de si important pour que tu oublies même de saluer mon amie '
Faisant fi de sa remarque, Faouzi lance d'une voix nouée :
- Hakima. J'ai retrouvée ta famille.
Hakima se redresse.
- Pardon '!
Faouzi se rapproche d'elle et reprend d'une petite voix.
- J'ai retrouvé ta famille, Hakima. Tu as des parents, des frères, un grand-père.
Hakima se lève d'un bond.
- Tu as...
La jeune fille tremblait de tous ses membres. Elle retombe sur sa chaise inerte.
Faouzi se précipite.
- Hakima ! Hakima !
Il se met à la secouer. La jeune fille entrouvrit les paupières. Elle tenta de se relever, mais Faouzi la maintint sur sa chaise et lui versa un verre d'eau qu'elle se mit à boire à petites gorgées.

(À SUIVRE)
Y. H.
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