Algérie

La fille des Aurès



Résumé : L'imam se met à raconter à Faouzi une histoire invraisemblable. Il y a des années, il avait reçu la visite d'un homme qui se prétendait être le ravisseur du bébé. Ce dernier avait demandé après l'ancien imam et fut affligé d'apprendre son décès. Il raconta tout de même et en détail tous les faits sur le kidnapping dont il était l'auteur.C'était l'heure de la dernière prière, et des fidèles affluaient. L'imam se lève.
- Tu m'excuseras mon fils, mais je n'ai pas d'autres renseignements. Toutefois, laisse tes coordonnées. Sait-on jamais ' Peut-être que je me rappellerais d'autres détails.
Faouzi s'empresse de remettre sa carte de visite à l'homme, avant de le remercier et de quitter les lieux.
Il retrouve le chauffeur de taxi endormi sur son volant et le réveille en le tirant doucement pas l'épaule. Ce dernier sursaute avant d'ouvrir les yeux.
- Ah, vous voilà enfin ! Je pensais que vous alliez passer la nuit dans cette mosquée, jeune homme.
Faouzi s'installe à côté de lui.
- L'affaire qui m'amène dans ce village n'est pas des moindres. Il y a tout l'avenir d'une personne en jeu.
Le bonhomme le regarde d'un air curieux.
- Je ne vous suis pas.
Faouzi lève la main.
- Vaut mieux ne pas trop me suivre. Je suis peut-être un peu dingue. Mais maintenant que je sais que le bébé a été kidnappé, ceci sous-entend qu'il n'est pas un enfant illégitime. Je veux retrouver coûte que coûte sa famille.
Le chauffeur est de plus en plus intrigué.
- Je ne vous comprends pas, jeune homme. Mais au cas où je pourrais vous être d'une quelconque aide, n'hésitez pas à me faire appel. J'habite au centre-ville de Batna.
Faouzi lui tend sa carte de visite. Le chauffeur y jette un coup d'?il.
- Vous êtes journaliste. Vous travaillez à Alger et vous êtes ici pour une enquête sur quelqu'un '
Faouzi hoche la tête.
- Il se fait tard. Je n'aurai pas le temps de vous narrer tous les détails.
Il dévisage l'homme avant de poursuivre :
- Vous êtes de la région '
- Oui ! Je suis un Chaoui jusqu'à la racine des cheveux. Mes parents sont nés dans les Aurès tous les deux, et durant la guerre ils ont dû quitter leur patelin pour s'installer en ville. Vous comprenez, les bombardements, les incursions nocturnes. Bien sûr, à cette époque j'étais encore adolescent.
- Vous connaissez beaucoup de familles à Batna '
- La plupart des anciennes familles. D'ailleurs ici on a tous un lien de parenté. Je veux dire qu'entre anciens, les échanges et les mariages étaient légion. Mais de nos jours, la ville prend de l'ampleur. Et comme toutes les grandes villes, il y a l'exode rural, et des gens de toutes les régions du pays viennent s'installer ici.
- Cela se comprend. Les temps évoluent pour tout le monde.
Faouzi marque un temps d'arrêt. La nuit avait enrobé les lieux, et la route était déserte. Un petit vent tiède s'était levé, mais le ciel était étoilé. La forêt s'étendait sur les deux côtés, à perte de vue. Faouzi se demande s'il pouvait interroger le chauffeur. Ce dernier lui paraissait fiable. Il était âgé d'une soixantaine d'années et avait l'air sage d'un bon père de famille.
- Dis-moi mon ami, finit-il par demander, je ne sais pas si le moment est bien choisi, mais j'aimerais juste savoir si tu n'avais pas entendu parler de l'enlèvement d'un bébé dans la région.
- Un enlèvement ' Quand ça '
- Cela remonte à plus d'une vingtaine d'années. Vingt-six ans ou un peu plus. L'enfant, une fille, était née dans une famille aisée, et on l'avait kidnappée au septième jour de sa naissance pour demander une rançon. Cette affaire ne vous rappelle rien '
Le chauffeur repousse sa casquette.
- Vous êtes sûr que vous n'êtes pas trop fatigué, jeune homme ' Il fait trop chaud pour la saison, et vous n'êtes pas habitué au climat sec de notre région.
Faouzi sourit.
- Ce n'est pas la première fois que je viens dans cette région hospitalière. J'ai déjà fait plusieurs couvertures médiatiques. La plus récente remonte au dernier festival de Timgad.
Le chauffeur ébauche un sourire.
- Content de vous l'entendre dire. À vrai dire, les affaires de kidnapping et d'enlèvements ne sont pas ma tasse de thé. Je suis quelqu'un qui trime dur pour gagner croûte. Parfois, il m'arrive de ne pas rentrer chez moi des jours durant. Heureusement que mes enfants sont assez grands maintenant pour se débrouiller seuls. Il se frotte le crâne et remet sa casquette en place.
- Néanmoins, comme vous me plaisez bien jeune homme, je vais vous aider. Ici rien ne passe inaperçu pour les avertis. Je vais contacter un ami à moi, un gérant de café. Lui seul pourra me renseigner là-dessus sans faille. Vous connaissez l'ambiance des cafés, n'est-ce pas '
Faouzi acquiesce en souriant.
- J'en connais un bon bout. Les cafetiers sont plus au courant de l'information que les journalistes.
Le chauffeur se met à rire.
- Eh bien, je n'ai rien à vous apprendre là-dessus. Dès demain je m'occuperai de cette affaire. Qui sait, peut-être que vous aurez un bon fil conducteur.
- Je compte sur vous mon ami.
Ils étaient arrivés devant l'hôtel où Faouzi avait réservé une chambre, et le chauffeur lui dit :
- Le journée a été bien pleine pour vous. Allez vous reposer. Demain il fera jour.
- Vous passerez me prendre au milieu de la matinée. Cela vous arrange-t-il '
- Parfaitement jeune homme. Vous pouvez compter sur moi.
Faouzi descend et referme la portière du véhicule, avant de le saluer de la main.
(À SUIVRE)
Y. H.
[email protected]
Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)