Algérie

La fille des Aurès



Résumé : Nawel quittait son travail et allait récupérer son véhicule, lorsqu'elle constate qu'un véhicule de couleur bleue la bloquait. Elle reconnut aussitôt celui du jeune Indien. Ce dernier semblait l'attendre et heureux de la revoir. Il l'invite à déjeuner. La jeune fille hésite un moment avant d'accepter.Nawel referme son véhicule.
-J'aimerais bien découvrir les recettes de ton pays. Mais je ne devrais pas trop tarder.
-Parfait, nous allons déjeuner, puis je te redéposerai dans ce parking avant la fin de l'après-midi.
Il s'installe au volant et met un CD de musique indienne. Nawel se détend. L'air conditionné et un parfum capiteux rendaient l'atmosphère du véhicule très agréable.
-Tu te rappelles au moins de mon nom Nawel '
-Oui. Amar. J'ai oublié la suite, dit-elle toute confuse.
Il sourit.
-On peut dire que tu as de sérieux problèmes de mémoire. Je m'appelle Ammir et non Amar. Ammir Kumar.
Elle se mord les lèvres.
-Je suis désolée. Ta carte est toujours dans mon sac à main.
-Et pourrais-je savoir à quoi a-t-elle servi '
Elle sourit.
-À rien. Je plaisante bien sûr. Mon amie Hakima m'avait conseillé d'assister à vos réceptions. Si cela ne tenait qu'à elle, je l'aurais fait le jour même de notre rencontre.
-Hakima avait raison.
-C'est différent. Elle est journaliste. Elle s'occupe de la culturelle et s'intéresse à tout ce qui touche de près aux cultures universelles. Elle visionne des films, écoute de la musique classique, échange des idées via internet et rencontre beaucoup de gens. Des artistes, des hommes de lettres et de culture, etc.
-Tu devrais la suivre, toi aussi, dans ces initiatives Nawel.
-Moi, je n'ai pas le temps. Je suis trop prise par mon travail.
-Ce qui ne t'empêcherait pas de sortir, de rencontrer des gens, d'assister à un concert de musique ou d'aller voir un film de temps à autre.
-Tu as peut-être raison. Mais je ne suis pas aussi passionnée qu'elle.
Il sourit.
-Que connais-tu de mon pays '
-Hein ' Et toi que connais-tu du mien ', répondit-elle hâtivement afin d'esquiver la question.
Il rit et Nawel trouve encore une fois qu'il avait de très jolies dents.
-Une façon comme une autre de me répondre par la négative. Ce n'est pas grave. Je te ferais découvrir beaucoup de choses. Si tu le veux bien.
-Tu ne réponds toujours pas à ma question Ammir, l'interrompt-elle afin de mettre fin à son embarras.
-Quelle question ' Ah ! Si je connais l'Algérie '
Il prit une longue inspiration avant de lancer :
-Algérie mon amour. Tu ne peux pas savoir à quel point j'adore ton pays. Ses gens, son histoire, sa culture, ses us et ses traditions. Tout est si merveilleux ici, si simple, si beau. Vous avez le grand Sud, la Kabylie, les Aurès, et un tas de jolies villes. Je n'ai pas encore vu un pays où la mer rejoint la forêt sans transition, et où le printemps rejoint l'été d'un pas allègre. L'Algérie représente pour moi un second pays. J'adore ton pays, Nawel. Si ce n'était pas le cas, je n'aurais jamais consenti à rester autant d'années ici.
-Mais je pensais que les diplomates bougeaient sans cesse.
-Exact. Seulement dans mon cas, je peux dire que j'ai eu beaucoup de chance. J'ai été rappelé à plusieurs reprises.
Il se met à rire.
-Je suis indispensable dans un pays où on utilise comme langues courantes l'arabe et le français. Et je peux m'estimer heureux de connaître ces deux langues.
-Mais tu parles aussi assurément l'anglais. Et même pour les deux premières langues, je pense que tu aurais facilement pu les utiliser dans un autre pays..
-C'est vrai. Mais j'ai opté pour l'Algérie. J'ai tellement plaidé ma cause que l'ancien ambassadeur était obligé de repartir sans moi. Je lui ai raconté une de ces blagues salées.
Il rit.
-Hein '
-Pardon, je crois que j'ai mal utilisé le mot. Je veux dire une blague assez drôle.
-Et c'était quoi cette blague '
Il sourit et la regarde.
-Je lui ai dit que j'étais en relation avec une Algérienne et qu'on devait se marier.
-Aussi simple que ça ' Et il a mordu à l'hameçon pour plaider ta cause au niveau du ministère des Affaires étrangères de ton pays.
Il sourit d'un air espiègle.
-Non, je plaisantais bien sûr, mais cela avait suffi pour qu'il comprenne que je voulais une prolongation de mon séjour dans ce beau pays. Etant donné que je suis considéré comme un élément assez sérieux, j'ouvre droit de temps à autre à quelques faveurs.
-Mais jusqu'à quand '
-Je n'en sais rien. Peut-être qu'à la prochaine rotation, je serais obligé de quitter les lieux. Mais je n'aimerais pas trop y penser.
Il contourne un jardin et va tout bonnement se garer devant un restaurant indien que Nawel ne connaissait pas.
-Je ne connais pas cet endroit, figure-toi.
-Cela ne m'étonne pas. La plupart des clients de ce restaurant sont des habitués. Des gens du Moyen ou de l'Extrême-Orient qui apprécient la cuisine indienne. Bien sûr, il y a aussi des Algériens et des Indiens de passage.
Il lui ouvre la portière et l'aide à descendre.
-Après toi, Nawel.


(À SUIVRE)
Y. H.
[email protected]
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