Algérie

La fille des Aurès



Résumé : Hakima est désolée pour son amie Houria. Cette dernière semblait déjà perdue. Elle n'est plus que cette marionnette qu'on brandit pour amuser les autres. Aucun argument n'arrive à la convaincre à s'éloigner d'un milieu pourri où elle risque de laisser des plumes.Hakima ne put se rendormir cette nuit-là. Elle pleura de dépit et de rage en pensant à tous ces gens sans scrupules qui exploitent le malheur des autres. Deux semaines passèrent. Hakima était repassée plusieurs fois chez Malek pour voir les enfants et discuter avec eux. Elle rencontra au gré d'un pur hasard la maman de ces derniers, et n'eut aucun mal à reconnaître en elle l'irresponsabilité, l'inconscience et le laisser-aller qui caractérisent les femmes de son espèce. Elle comprend plus amplement le désarroi des enfants et de leur père. La faiblesse d'un moment avait engendré tout un monde de conflits.
Dalila s'habitua vite à elle et ne la quittait pratiquement pas d'une semelle. Sofiane, de son côté, après avoir fait passer son orage sur elle lors de leur première rencontre, semblait revenir à de meilleurs sentiments.
Il la saluait poliment, lui servait lui-même le goûter et écoutait ses conseils. Loin de s'offusquer lorsqu'elle le réprimandait, il riait et lui demandait à l'aider à assimiler des cours qu'à l'école il n'arrivait même pas à suivre. Il était très doué pour les comptes, et tout comme son père, Hakima voyait en lui un futur homme d'affaires. Mais cela ne le dispensait pas de rattraper le temps perdu, et sa scolarité désastreuse jusqu'à ce jour ne plaidait pas en sa faveur. Hakima lui avait rapporté quelques ouvrages et l'avait aidé à voir plus clair dans certaines matières qu'il n'affectionnait particulièrement pas.
L'UNIVERSITE
La rentrée universitaire arriva. Hakima qui s'était déjà installée dans sa chambre à la cité U fera la connaissance de Nawel, qu'elle appréciera dès leur première rencontre. Cette dernière était une vraie beauté, mais son sourire triste n'arrivait jamais à illuminer son visage. Pourtant, tout en elle la prédisposait à un bel avenir.
La jeune fille déballe ses affaires, et Hakima l'aida à tout mettre en ordre dans leur chambre.
Si la garde-robe de Nawel était des plus garnies, la sienne prenait à peine le dixième du grand placard encastré, qui s'avéra tout de même insuffisant.
- Tant pis, je vais demander à mon père de nous ramener une commode et d'installer des étagères et une table de travail, lance Nawel en contemplant le placard, un doigt sur la bouche.
Hakima sourit.
- Nous pourrons très bien nous débrouiller sans lui. Il suffira de changer l'agencement des lits et de mettre les livres sur la bordure interne de la fenêtre.
- C'est une bonne idée. Mais mon père est riche, et je n'aime pas le bricolage. Pour lui, je ne suis bonne qu'à demander de l'argent, alors je ne me gêne pas. D'ailleurs, dès qu'il me voit triste, il sort son chéquier. Elle rit amèrement.
- C'est comme s'il pouvait m'acheter le "bonheur" avec un bout de papier.
Hakima vint s'asseoir près d'elle et lui entoure les épaules.
- Ne sois pas triste, tout l'avenir est devant toi.
Nawel la regarde curieusement.
- C'est toi qui parle ainsi ' Ma foi, je comprends maintenant pourquoi M. Malek fait tes éloges tout le temps. Tu es une vraie philosophe.
Hakima sourit.
- Je cache le soleil avec un tamis.
- Non. Dis plutôt que tu le fais apparaître. Dalila et Sofiane n'ont jamais été aussi heureux qu'avec toi.
- Ils ont besoin de la présence de leur mère.
Elle soupire, puis poursuit :
- Je tente de minimiser les dégâts, mais le mal est déjà fait. Lorsque j'ai connu la maman, elle était si artificielle et si distante que j'avais l'impression d'avoir affaire à un mannequin en cire. Sa froideur n'a d'égale que les icebergs du pôle Nord.
Nawel soupire à son tour.
- Moi je n'ai même pas connu ma mère. Elle est décédée alors que je venais à peine de boucler ma première année.
Ma grand-mère m'avait prise en charge jusqu'à l'âge de 5 ans, puis après c'est la solitude de notre villa qui m'a moulée. Je suis solitaire de nature on dirait. Je n'aime pas trop le monde que père ramène à la maison, alors je préfère le vide et le silence de ma chambre. D'ailleurs, c'est pour cela que je préfère résider dans une cité universitaire. Pourtant je n'habite qu'à une dizaine de kilomètres de l'université.
- Je comprends, Nawel. J'espère que nous pourrions nous entendre.
- C'est déjà fait, je crois.
Elles rirent.
- Si tu le prends ainsi, alors c'est fait. Mais promets-moi de me dire crûment que je t'ennuies quand ça sera le cas. Parfois j'ai tendance à trop parler.
- C'est ce qui te permet de t'extérioriser. Je pense que je ne vais pas m'ennuyer avec toi, Hakima. Tu parais si douce, si gentille, qu'on a du mal à croire que tu viens de...
(À SUIVRE)
Y. H.
[email protected]
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