La fille de son père de Nacéra Fartas, (Roman) - Éditions Dar El-Gharb, Oran, 2002

L'auteur, Mme Nacéra Fartas, ne fait pas partie du gotha du monde littéraire. Elle est professeur de l'enseignement secondaire en langue française au lycée Cheikh Bachir Ibrahimi à Aïn-Témouchent et La fille de son père est sa toute première tentative scripturale.
L'auteur a décidé de prendre la plume pour nous raconter sa vie dans l'espoir de voir s'estomper cette douleur muette avec laquelle elle fait ménage depuis près de 40 ans. Depuis la mort de son père. Mohamed Fartas, connu sous le nom de guerre de Si Mustapha était un moudjahid de la première heure, engagé dans le mouvement de libération nationale.
Homme loyal et intègre, il sera un exemple de bravoure pour ses compagnons de lutte mais aussi et surtout pour son entourage, plus particulièrement sa fille chérie Nacéra.
Au lendemain de l'indépendance, la famille Fartas revient en Algérie, après avoir vécu dans l'exil marocain.
Pour la petite Nacéra qui a, tout juste, cinq ans, l'adaptation à cette nouvelle vie n'est pas des plus faciles car, en plus du dépaysement environnemental, elle ne parle ni l'arabe, ni le français mais uniquement l'espagnol.
Cependant, elle s'habituera peu à peu à cette nouvelle vie, d'autant que son papa est là, pour veiller sur elle.
La famille Fartas vivra à l'abri du besoin et dans un bonheur total jusqu'au 16 août 1964, jour de la disparition tragique du père.
Une fois mis en terre, les choses s'accéléreront à une vitesse vertigineuse. Mme veuve Fartas et ses trois enfants seront obligés de quitter leur domicile pour habiter ailleurs, et les difficultés financières se poseront là, bien trop tôt.
Nacéra qui a beaucoup de mal à surmonter la disparition de son cher papa a, également, du mal à communiquer avec sa mère qu'elle décrit comme étant une femme "acariâtre et dépourvue de toute tendresse envers elle". C'est pourquoi, elle se prendra très vite en charge, en allant au devant des gens, en cherchant un emploi, qu'elle exercera en parallèle à ses brillantes études.
Son audace -à ne pas prendre au sens péjoratif- lui permettra de sauver sa mère de la misère, en faisant savoir à qui de droit la situation précaire dans laquelle vivait sa famille. Nacéra se mariera avec un cousin avant même de terminer ses études universitaires. Sa vie maritale ne sera pas de tout repos à cause d'une belle-famille hostile et il lui faudra s'accrocher âprement pour éviter de sombrer.
La reconnaissance à l'engagement de ce père tant chéri viendra près de 40 ans après sa disparition. Ce livre qui est un bel hommage rendu par une fille à son père est poignant. Le raconter lui ôterait toute sa verve et atténuerait, pour sûr, la teneur des sentiments qu'il renferme.
C'est un récit à lire.