Algérie

La filière olive se cherche toujours


La production de l'huile d'olive en Algérie trouve encore beaucoup de mal à se débarrasser des pratiques archaïques de fabrication. Le non-respect des normes de qualité, non sans danger sur la santé du consommateur, continue d'empêcher une filière à potentiel pourtant prometteur de prendre un véritable essor, regrettent des oléiculteurs cités par l'APS, qui appellent les pouvoirs publics à intervenir pour remédier à cette situation. Car, en fait, ces pratiques archaïques continuent à s'exercer dans toutes les étapes de production «à commencer par l'entretien de l'olivier jusqu'au conditionnement de l'huile d'olive», affirment les mêmes sources.

Le directeur de l'Institut technique de l'arboriculture fruitière et de la vigne (ITAFV), M. Mahmoud Mendil, avait déjà, lors du 1er Forum méditerranéen consacré à cette filière, tenu les 29 et 30 mars dernier à Alger, posé le problème, en mettant l'accent sur les contraintes que rencontre le projet de la labellisation de l'huile d'olive.

Selon ce responsable, pour qu'un label soit accordé à un producteur, celui-ci doit déclarer sa production annuelle et accepter que son produit soit analysé par les laboratoires du contrôle de la qualité. Un sollicitation qui reste rarement suivi à défaut d'adhésion de la part des agriculteurs et fabricants artisanaux.

Cette attitude rétive à adhérer aux normes admises de fabrication a amené certains investisseurs à se «délocaliser» des zones traditionnelles d'oléiculture pour s'installer même dans le sud du pays.

En effet, l'oléiculture étant un créneau nouveau dans les wilaya du sud, «il a été plus facile d'inculquer à la population locale les méthodes modernes et saines de production de l'huile d'olive de qualité», a expliqué à l'APS, M. Ahmed Adjrad, investisseur et ingénieur spécialisé dans les corps gras, qui a décidé de transférer ses activités oléicoles de Bouira, sa ville natale, à Biskra. «Les normes de fabrication doivent être scrupuleusement respectées en amont et en aval : tout d'abord, l'olivier doit être bien taillé, suffisamment irrigué et, surtout, procéder à la cueillette en temps opportun», précise-t-il. «Il faut surtout éviter de laisser les olives noircir totalement pour les cueillir, en raison du fort taux d'acidité que cela engendre», selon ce professionnel, regrettant le fait que beaucoup d'agriculteurs continuent à croire que la bonne huile provient des olives restées le plus longtemps à leur arbre. Autre danger relevé : le stockage des olives dans des sacs en plastique pour de longues durées allant jusqu'à plusieurs mois, alors que les normes exigent l'utilisation de sacs aérés tels ceux en jute ou des caisses où la durée de stockage ne doit pas dépasser les 48 heures après la cueillette.

Dans la phase transformation, la majorité des huileries font chauffer l'eau à une température de 80° alors qu'elle ne doit pas dépasser les 27°. «Toutes ces pratiques font augmenter le taux d'acidité de l'huile jusqu'à 6°, alors que la norme internationale autorisée par le Conseil oléicole international (COI) doit varier entre 0,8 à 1,5° par 100 grammes». De son côté, Smaïl Saoudi, transformateur et producteur d'huile d'olive, fait le même constat et souhaite l'intervention de l'Etat pour exiger des fabricants le respect des normes de qualité. Il reconnaît avoir transformé pour le compte de clients des olives de «très mauvaise qualité» : «Je sais que le produit n'est pas de bonne qualité, mais j'ai une huilerie et je dois la faire fonctionner».

Ce producteur met en garde également sur le danger non seulement de conditionnement de l'huile d'olive dans les jerricans ou les bouteilles en plastique, mais aussi de sa commercialisation dans des espaces non adéquats comme la rue où l'exposition du produit au soleil la rend nocive.


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