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La filière de l'huile d'olive traditionnelle résiste



La filière de l'huile d'olive traditionnelle résiste
Aller à la rencontre d'un artisan quand sa situation professionnelle est menacée, c'est toujours un exercice délicat.Tant le métier, fort apprécié naguère, risque, aujourd'hui, de périr. Injustement. Mais, semble-t-il, tout n'est pas fini avec cette décision gouvernementale consistant à ne pas importer ce qui est produit localement. Une bouée de sauvetage, une réhabilitation pour le savoir-faire national. Salah, la soixantaine, est, métaphoriquement, né dans une huilerie traditionnelle.Et même si ses machines toussotent parfois, ce qui en sort est magique. Assurément. «Chez nous, tout ce qui vient de loin est intéressant et crédible, même s'il est superflu. On a le droit de penser ce qu'on veut, mais le plus grave, c'est de discréditer et dénigrer à tort tout ce qui est local», entame l'artisan, avec un ton amer. Située quelque part dans la wilaya de Tlemcen, l'huilerie de Salah continue de tenir la cadence malgré une concurrence déloyale atroce. «Quand j'entends des gens louer l'huile espagnole par exemple, au détriment de la nôtre, je me dis que nos concitoyens aiment plus l'étiquette sur la bouteille que le contenu de cette dernière.Certains, pour se donner un statut, consomment «étranger» ou en parlent seulement. Mais, c'est toujours de la publicité mensongère. Ils se dupent. Pourtant, rien ne les empêche de déguster notre produit et de se faire une idée, par la suite. Nous avons la meilleure huile d'olive du monde qui nous est commandée même d'Europe, mais elle n'est pas visible car, faute de moyens et d'ambition, nous n'avons pas investi dans le marketing». Salah est resté traditionnaliste, mais il ne refuserait pas la modernisation de son usine. «Pour tout vous dire, même si ma huilerie ne paie peut-être pas de mine, je vis bien et je fais vivre d'autres familles. Nous résistons grâce à notre bonne réputation. Cependant, pour faire tourner le consommateur algérien vers le produit de son pays, l'Etat devrait récompenser l'effort et la qualité en nous permettant de nous moderniser.Et ce sera toujours un label algérien». Salah avait participé au 1er Salon international de l'olive et de l'huile d'olive «Soliva Algérie 2016». Ce jour-là, le wali de Tlemcen avait déclaré : «L'application des nouvelles normes de production de l'huile d'olive, basée sur les techniques modernes et l'emballage, contribue à la promotion du produit et à son exportation (?). L'Etat déploie des efforts pour accompagner les agriculteurs et investisseurs sur le plan matériel et technique pour l'extension de l'oléiculture qui est en nette amélioration». Une déclaration encourageante pour Salah : «L'Etat a compris que rien ne sert de vider ses caisses pour importer des produits de moindre valeur que les nôtres. Nous, nous avons de la bonne olive et le savoir-faire pour une huile de grande saveur et à prix raisonnable. Nous sommes concurrentiels sans étiquette, ni emballage !» Humble, Salah nous a priés de ne pas le situer, ni donner le nom de son usine. Et ce n'est pas pour une quelconque crainte : «Ce qui compte, ce n'est pas de la publicité pour moi, mais c'est le produit local. Un produit précieux auquel il faut donner sa juste valeur !»


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