Algérie

La filière avicole victime de son succès ' Minée par la spéculation, en dépit d'une production record



Par Smaïl Boughazi

En dépit des assurances des pouvoirs publics, les prix des viandes n'ont pas tardé à prendre l'ascenseur durant les premiers jours de ce mois de Ramadhan. L'exemple vient des viandes blanches, dont les prix sont passés du simple au double en l'espace de quelques semaines malgré toutes les mesures de régulation mises en place par les départements de l'Agriculture et du Commerce. Certes, ce scénario se réédite à chaque mois de Ramadhan en raison de l'excès de consommation et des pratiques spéculatives auxquelles s'adonnent les commerçants. Toutefois, le manque d'organisation et la dominance des petits éleveurs dans la filière avicole sont perçus comme étant des éléments déterminants. En fait, l'élevage aviaire est toujours aléatoire. L'activité des petits éleveurs demeure encore anarchique et dépend grandement des prix des matières premières sur le marché international. Il faut souligner d'ailleurs que le prix du poulet est composé à 70% du coût des matières premières. Ce qui a poussé, pour rappel, le ministère de l'Agriculture à détaxer l'année dernière ces produits importés après avoir connu une hausse vertigineuse sur le marché mondial. Cette mesure a touché notamment le maïs et le soja, deux principales matières premières de l'aliment avicole pour lesquelles les pouvoirs publics ont décidé de supprimer la TVA et les droits de douane. Cette mesure pourrait être également reconduite cette année, selon le président du Conseil interprofessionnel de la filière avicole, Mohamed Laidouni. Mais, cet appui émanant de l'Etat s'est avéré insuffisant bien qu'il soit à l'origine d'une augmentation sensible de la production qui a fait un bond de 33% cette année, outre une baisse brutale des prix. Une situation qui a même mis certains éleveurs devant des choix difficiles allant même jusqu'à l'arrêt de leurs activités.
Cette filière a également connu des problèmes de stockage ces dernières années. Ce qui explique, d'ailleurs, le recours des pouvoirs publics à l'élargissement du Syrpalac à la production avicole. Un mécanisme qui permettrait dans les situations de pénurie ou de forte demande de réguler et de rééquilibrer le marché en injectant les quantités stockées. Les prévisions du ministère de l'Agriculture se dirigent vers une production record de 800 000 tonnes contre 600 000 en 2012. Des quantités qui nécessiteraient des structures de stockage. Pour l'heure, l'unique organisme qui s'est montré prêt à absorber des quantités de cette production est l'Onab, qui intervient sur le marché durant ce mois Ramadhan pour le rééquilibrer. Mais il faut admettre qu'en l'absence d'un assainissement, d'une
maîtrise parfaite des structures et circuits commerciaux, les actions des pouvoirs publics demeurent insuffisantes et vouées à l'échec. La situation du marché ces derniers jours a montré que la spéculation a toujours eu son dernier mot à dire. Le prix du poulet a frôlé même les 420 DA dans certaines localités de la capitale alors que dire des régions de l'intérieur du pays. En février dernier, les prix tournaient autour de 200 DA voire moins.
De nombreux éleveurs ont subi en raison de cette situation paradoxale des pertes colossales. Pour sortir de ce cercle vicieux et stabiliser les prix à un niveau acceptable pour les consommateurs et les éleveurs, les professionnels suggèrent de revoir la filière.
La régulation et la réorganisation de l'élevage aviaire s'imposent, bien que plusieurs actions soient déjà décidées ces dernières années. L'on peut citer notamment l'incitation du secteur privé à plus d'investissements dans la filière avec des soutiens financiers, ainsi qu'une restructuration des entreprises publiques impliquées dans cette filière. Mais, ces actions, regrette-t-on, n'ont pas permis une professionnalisation de la filière. D'où un deuxième train de mesures en 2008, particulièrement la réactivation du Comité interprofessionnel de la filière avicole (Cnifa) qui constitue le cadre idéal pour la concertation et l'organisation de la filière. En 2010, un comité national des filières avicoles a été élu. Il avait pour mission principale de réorganiser cette profession et de donner une nouvelle dynamique à cette activité.
S. B.


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