Algérie

La filière avicole marche sur des oeufs


Les Algériens consomment du poulet parce qu'ils ne peuvent pas se permettre la viande rouge. Enfin, disons plutôt qu'ils en consommaient parce qu'avec le prix qu'affiche actuellement la viande blanche, la ménagère n'ose plus s'approcher du vendeur de volaille. Et cette situation perdure depuis des mois. Pourtant, cette filière était bien partie pour assurer les quantités suffisantes à la consommation interne et élargir ses exportations. Car, l'Algérie avait bien un marché de l'exportation de produits avicoles. Certes, faible à moins de 2 millions de dollars par an, mais il existait et les autorités ont affiché ces dernières années l'ambition de le voir se développer rapidement. En octobre 2020, le gouvernement a annoncé son intention d'élargir la gamme de produits avicoles pouvant être exportés vers le Vietnam. Plus récemment, le pays a exploré de plus en plus la possibilité d'écouler sa production ailleurs, en Afrique, notamment en Mauritanie. Que s'est-il passé' Il y a eu la grippe aviaire. Mais l'apparition de l'épidémie a peut-être bridé l'envol des exportations, mais il n'a pas créé de suite une situation de crise. Les premiers responsables du secteur ont eu tout le temps de réfléchir à des solutions pour éviter le déséquilibre de l'offre et la demande sur le marché et la hausse vertigineuse des prix. En mars 2021 et avec les interdictions de l'importation des produits de volaille algériens, signifiée par Moscou, Pékin et Nouakchott à la suite de la détection de cas de grippe aviaire, le ministère devait réagir. Qu'a-t-on fait' Le gouvernement Djerad a décidé d'un soutien fiscal à la filière avicole pour réduire le prix à la consommation. Cela n'était évidemment pas suffisant. Quelques semaines après, les intervenants dans la filière avicole ont rencontré la tutelle. Des mesures à prendre ont été évoquées. Selon une dépêche de l'agence officielle, dans une réunion présidée par le SG du ministère de l'Agriculture, il a été question de l'aspect lié à la régulation du marché en viande blanche et de la disponibilité des intrants biologiques, notamment les poussins reproducteurs pour stabiliser la production nationale. Ce n'est que jeudi dernier, soit près de 6 mois après, que le ministère a délivré des dérogations d'importation des intrants pour réguler le marché. Le jour même où le ministre du secteur a été limogé. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour réagir' Avec un retard aussi énorme, la mesure décidée risque de n'avoir plus l'effet souhaité même dans les2 mois à venir, nécessaires faut-il le préciser pour transformer les oeufs à couver en chair. Car, entre-temps, plus de la moitié des acteurs de la filière ont dû mettre la clé sous le paillasson en raison des dernières hausses des coûts de production dus à la flambée des cours des matières premières sur le marché mondial, des pertes énormes causées par la grippe aviaire, mais aussi par les feux de l'été dernier. Qu'a fait la tutelle' Elle n'annonce qu'en octobre, la conclusion d'un accord pour la réduction du prix du poussin. Pour qui' Puisque les éleveurs ont déjà baissé rideau! Ceux qui résistent n'ont rien vu de cette baisse, selon l'enquête que nous publions. Le ministère de l'Agriculture n'en a cure, plus préoccupé de préciser dans ses communiqués que le ministre de l'époque, Abdelhamid Hamdani, «a ordonné l'ouverture d'un dialogue avec les professionnels». De quoi dialoguer' Apprendre peut-être comment marcher sur des oeufs!
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