Algérie

La FIJ relance le débat sur la défense des droits des journalistes, à Alger



La dépénalisation du délit de presse, l’objectif à atteindre Sous l’égide de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), l’Algérie abrite, depuis hier, à la fondation Friedrich Ebert, une importante rencontre régionale sur la situation des journalistes dans le monde arabe et les moyens à entreprendre pour défendre leurs droits. Pratiquement tous les pays arabes de la rive sud de la Méditerranée plus l’Iran ont été honorés de leur présence à Alger pour débattre des dernières péripéties vécues par la presse, en rapport avec les pouvoirs publics ainsi que dans les zones chaudes. Placé sous le thème «journalisme: du local au mondial», le séminaire a eu l’audace de relancer encore dans la capitale algérienne la récurrente question de la dépénalisation du délit de presse qui frappe toujours les journalistes algériens sous le coup des amendements apportés au code pénal en 2001. Et ceci, après avoir payé un lourd tribut sous les balles assassines de la horde terroriste ayant coûté la vie à une centaine de journalistes. Pour le SG de la FIJ, Aidan White, l’objectif de la rencontre est d’amener les pouvoirs publics, notamment en Algérie, sous une nouvelle approche, à lâcher la pression qui pèse sur les professionnels de l’information, essentiellement dans le secteur de la presse écrite, en menant particulièrement des enquêtes sur le terrain pour déterminer les dépassements et les failles. Il s’agit, également, selon lui, dans un second temps, de lancer un réseau de solidarité régional avec la corporation à travers la mise en place d’un plan d’action prioritaire en vue de sécuriser les journalistes et créer, en outre, une culture professionnelle entre eux. Lui emboîtant le pas, le coordinateur de la FIJ à Alger qui a appelé à la levée de la chape de plomb exercé sur les journalistes, a reconnu, néanmoins, avoir été sollicité par les pouvoirs publics ainsi que le SNJ dans les différentes discussions sur la convention collective, le statut, la carte d’identité nationale des journalistes ainsi que sur la nécessité de leur créer un fichier électronique. D’autres actions ont été entreprises à l’égard des familles des journalistes victimes de terrorisme. De son côté, le SG du syndicat national des journalistes, Kamal Amarni, a rappelé devant ses confrères arabes que la presse privée algérienne, à son début, a été la pionnière dans le monde arabe en matière de liberté d’expression et a été touchée dans sa chair par les affres du terrorisme. Seulement ce champ de liberté, a-t-il soutenu, a été vite réduit par un harcèlement judiciaire sans précédent et du chantage à la publicité et à l’impression. Et ce, parce que le pouvoir ne veut plus d’une presse libre. Pour sa part, l’avocat des journalistes, Me Bourayou, a plaidé pour la dépénalisation du délit de presse dont l’Algérie, à ses yeux, se refuse à admettre. Par contre, on assiste, selon lui, à un durcissement de la loi en matière pénale notamment celle du 26 juin 2001. Dans sa communication sur la décriminalisation du fait diffamatoire en Algérie, Me Bourayou a plutôt insisté sur la nécessité de chercher cet équilibre entre le libre exercice de la profession journalistique et la responsabilisation du professionnel, en modifiant le cadre hétérogène où baignent les textes sur l’information en créant une loi sur la liberté d’expression. Seulement, il fallait d’après lui, réformer l’appareil judiciaire en libérant ainsi le juge de l’immixtion et de la crainte. Il a proposé aussi, pour le cas algérien, de développer des contrôles à l’intérieur des entreprises de presse et de donner plus de pouvoir et de prérogatives au Conseil de l’éthique et de déontologie pour plancher sur les cas de diffamation, d’insulte ou d’outrage. Un membre du SNJ a appelé, lui aussi, à ce qu’il y ait une concertation et la conjugaison des efforts entre la presse, les éditeurs et les avocats pour faire tomber les dispositions pénalisantes liées au délit de presse. En plus de la fragilisation de la profession, démobilisée par les années de lutte acharnée contre l’intégrisme et les régimes en place et qui est, selon lui, dans l’impossibilité d’inventorier ses journalistes en l’absence avérée d’une instance de régulation. Les journalistes irakiens, quant à eux, tout en appelant leur sécurisation dans un pays sous occupation et au bord de la guerre civile, refusent l’application de la loi sur la lutte contre le terrorisme sur ce qui est publié dans leurs journaux. Les journalistes tunisiens, eux, s’accordent sur la nécessité de faire comparaître le journaliste devant le Conseil d’éthique et non devant le juge, et d’associer les organisations ou syndicats des journalistes dans l’élaboration des lois sur l’information. En tous les cas, le SG de la FIJ a rassuré tout le monde en plaidant pour des actions concrètes en faveur des journalistes du monde arabe en lançant, au prochain congrès qui se tiendra fin mai à Moscou, un comité international de soutien aux journalistes victimes. En attendant, d’importantes recommandations sortiront, aujourd’hui à Alger, en direction de la corporation qui est persécutée de tous les côtés.




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