Algérie

La figure d'Ibn Khaldoun (1332-1406)



La figure d'Ibn Khaldoun (1332-1406)
Ibn Khaldoun, qui a été l’un des plus grands intellectuels musulmans, appartenait à une famille hispano-musulmane qui s’était établie dans la province de Séville. Ses ancêtres jouèrent un rôle important dans l’histoire de la Séville arabe et lui même, dans son Autobiographie s’enorgueillit de son passé hispano-musulman.

"Mon aïeul [Khaldoun b. Uthman] , lorsqu'il arriva en al-Andalus, s'établit à Carmona avec un groupe de gens de Hadramawt, où il y installa la maison de ses descendants, lesquels se transportèrent ensuite à Séville, faisant partie de l'armée régulière des yéménites. "

Le lignage de sa famille s'étend au long de toute l'histoire arabe de la ville à partir du VIIIe s et constitue, dès le Xe s., l'une des familles les plus importantes de Séville. Les Banu Khaldoun ont laissé l’empreinte de leur nom tant dans la toponymie de la ville que dans ses alentours.

Lorsque les royaumes chrétiens de l’Espagne septentrionale arrivent à Séville, vers 1248-49, la famille d’Ibn Khaldoun émigra de Séville vers le nord de l’Afrique. Après un bref séjour à Ceuta, elle s’installa définitivement à Tunis.

"Mes aïeux émigrèrent à Tunis au milieu du VIIe siècle –XIIIe siècle chrétien–, à la suite de l’exode provoqué par la victoire du fils d’Alphonse, roi de Galice (il se réfère à Ferdinand III)."

Beaucoup des grandes familles détentrices d’une importante tradition culturelle et qui avaient été au service des rois hispano-musulmans, émigrèrent au Maghreb, formant une sorte de patriciat dont les services furent largement mis à profit par beaucoup des dirigeants locaux.

Le propre Ibn Khaldoun reçut une éducation soignée en accord avec le style de l’époque, parvenant à dominer certaines matières telle que la langue arabe. Lui-même nous énumère quelques-unes des matières qu’il étudia comme le Coran ou les sciences rationnelles, les mathématiques, la logique et la philosophie. Sa très solide connaissance de la jurisprudence l’amena également à s’incorporer en plus d’une occasion au service de nombreux dirigeants du Maghreb.

Après quelques années passées au service de régents d’Ifriqiya, il décida d’émigrer en al-Andalus, la terre de ses ancêtres, et s’installe dans le Royaume de Grenade, ultime réduit hispano-musulman de la Péninsule. à Grenade, il se lie d’amitié avec Ibn al Khatib –qu’il avait autrefois connu dans les cours mérinides de Fès- puis, après avoir conquit la faveur des rois nasrides, est envoyé en mission diplomatique auprès de Pierre Ier le Cruel, roi de Séville, afin de ratifier un traité de paix.

À cause d’ intrigues de palais survenues à la cour nasride, il décide de retourner au Maghreb, se retirant dans la forteresse oranaise de Qalat-ibn-Salama, territoire actuel de l’Algérie, où il commence à rédiger son œuvre maîtresse al-Muqaddima.

«L’Histoire Universelle» d’Ibn Khaldoun qui en arabe s’intitule le “Livre des Expériences” (Kitab al-’ibar) comporte trois parties principales: la première est une longue “introduction” (Muqaddima) qui propose d’admirables réflexions sur la civilisation humaine, la seconde traite de l’histoire des pays et des dynastie et la troisième une longue et singulière autobiographie où le propre Ibn Khaldoun offre la pleine mesure de ce qu’il est, révélant la conscience de sa propre valeur.

Il vécut les dernières étapes de sa vie au Caire, capitale du sultanat mamelouk, l’un des principaux états musulmans de l’époque qui englobait alors la Syrie et l’Égypte. Voici de quelle manière il nous décrit la ville du Caire:

"Métropole du monde, jardin de l’univers, point de rencontre des nations, fourmilière de villages, siège préférentiel de l’Islam, centre de pouvoir."


Là, il y occupe une chaire de droit et une charge de juge qu’il perdra et retrouva à plusieurs reprises, dispense des cours dans la Djamii al-Azhar, la première université du Caire et consacre une grande partie de son temps à lire et à écrire.

"Je commençais à donner des cours dans la Djamii al-Azhar. Ensuite on me présenta au sultan qui m’accueillit avec une grande amabilité et qui m’assigna une pension prélevée sur le fond de ses donations, conformément aux procédures habituellement réservées aux sages.

Lorsque Damas fut assiégée par Tamerlan, l’un des plus grands conquérants asiatiques, il accompagna le sultan mamelouk en Syrie et interviendra auprès ce dernier dans l’espoir d’éviter le saccage de la ville. Ibn Khaldoun mourra au Caire en 1406.

Sa vie marquée par les rencontres et les rejets s’écoula entre le Maghreb, al-Andalus et l’Égypte.

Son œuvre magistrale de la Muqaddima, une Introduction à l’Histoire Universelle, continue aujourd’hui encore de susciter un grand intérêt, étant traduite dans les principales langues du monde.


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