Algérie

La fièvre monte à la veille du match



La fièvre monte à la veille du match
The big match. Le duel qu'il ne faudrait en aucun cas perdre, au risque de perdre définitivement la face. Mardi, Alger se réveille comme sonnée, groggy par la nouvelle de la qualification de la sélection égyptienne à la demi-finale, synonyme d'une énième confrontation avec les Verts. La « nouvelle » a même relégué au second plan le match d'anthologie livré dimanche par le onze national face aux Eléphants ivoiriens. L'exploit de Cabinda est vite digéré. Pas le temps de savourer sa victoire, encore moins de s'endormir sur ses lauriers ! A 48 heures d'une rencontre passionnée et passionnante avec le désormais « ennemi intime », l'Egypte, la fièvre ne cesse de monter. Crescendo. Les vieux quartiers d'Alger, à l'instar de toutes les villes et villages du pays, observent un calme olympien, retiennent leur souffle. L'ambiance est un tantinet bizarre, baroque. Bien que prévisible, cette rencontre, la quatrième en moins de six mois, n'en est pas moins surréaliste. « Algérie-Egypte » est sur toutes les bouches. L'excitation est à son comble. Les pronostics les plus favorables, l'enthousiasme le plus exalté, mais aussi l'anxiété et les appréhensions, folles et légitimes, se disputent la place d'Alger. « J'ai une boule au ventre. Le match ne sera pas facile ! Mais on va les bouffer (naklouhoum inchallah). » Obama, « figure emblématique » du quartier populaire de Belouizdad est tout « confiant » quant à l'issue de cette confrontation. Le cercle sportif du CRB grouillait hier de monde. Il y avait aussi foule, la veille, à l'heure du match Egypte-Cameroun. « De ma vie, je n'ai eu à supporter l'équipe égyptienne, hier j'étais content qu'elle ait battu le Cameroun. » Retrouver l'Egypte en demi-finale : « Niâma, un cadeau du ciel », pavoise Adlène, un fan du CRB et de l'équipe nationale.L'enthousiasme comme thérapie pour évacuer sans doute un stress de plus en plus pesant, la foi en la victoire pour conjurer le mauvais sort. Le mauvais 'il. Perdre contre l'Egypte ' « Biaâd echar. Je n'ose même pas y penser après tout ce qui s'est passé au Caire. Perdre cette CAN, ce n'est pas grave pour moi, perdre ce match, c'est impardonnable », dixit Merouane. Vendeur à la sauvette au marché des Trois Horloges de drapeaux et autres fanions, maillot à l'effigie de l'équipe nationale, Merouane, universitaire au chômage, dit avoir effacé de son jargon le mot « défaite ». « Nous avons désormais une équipe. Une vraie. Nous ne craignons ni le Brésil, ni l'Argentine, ni l'Angleterre et encore moins l'Egypte. Si le match se jouait en Egypte, on aurait peut-être des raisons de craindre cette équipe, mais ce n'est pas le cas. Au Caire, même le bon Dieu - astgheffir Allah (Que Dieu me pardonne) ne gagnera pas », ajoute avec une certitude inébranlable son complice et associé. « C'est mathématique, explique-t-il. L'Egypte n'a jamais gagné sur terrain neutre. Nous sommes sa bête noire et nous le confirmerons jeudi. » Le mythique Bab El Oued, baromètre de la ferveur populaire, est en apnée.Rien n'indiquait hier que la sélection nationale s'apprêtait à croiser ' une fois encore ' le fer avec les redoutables Pharaons. Hormis peut-être les quelques emblèmes suspendus aux balcons et les klaxons étouffés de voitures arborant posters de la dream team nationale et drapeaux, les abords du cercle du Mouloudia (fermé), le doyen des clubs algériens, affichent un calme précaire.Le quartier se remet à peine du déchaînement de violences que des bandes rivales font subir depuis quelques semaines. Les quartiers de Diar El Kef, Triolet, « marché Kébir » parlent foot, mais aussi et surtout de la violence urbaine qui y prévaut. « Chaque soir, raconte Hocine, des centaines de CRS prennent position au niveau du carrefour de Triolet pour empêcher que se répètent ces violences, sans succès. » Du foot pour oublier l'insécurité ambiante. Du foot pour zapper les soucis du quotidien. « L'oignon à 60 DA le kilo, personne n'en parle ! Alors que les victoires de l'équipe nationale, les petits bobos des Meghni et autre Chaouchi captent l'intérêt général, mais tout ceci ne durera pas éternellement », constate Bélaïd. A quelques encablures de là, le cercle de l'USMA est en ébullition. Les matchs de la CAN 2010 sont décortiqués, analysés par les supporters des Rouge et Noir. Les informations, les plus fraîches, les nouvelles, même les plus anodines, de l'équipe nationale, sont échangées dans un brouhaha indescriptible. Sid Ali, membre de l'AGE de l'USMA, comme de nombreux supporters des Verts, a déjà plié et scellé l'issue du match de jeudi prochain. Il aurait préféré, dit-il, ne jamais rencontrer l'équipe égyptienne. « Nous en avons ras-le-bol des feuilletons égyptiens. Nous gagnerons contre l'Egypte, rien que pour clouer le bec à ceux qui ont osé insulté nos martyrs. Nous gagnerons comme à Khartoum sur un terrain de foot », conclut-il.


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