Les deux premières semaines du Ramadhan ont déjà filé. Dans quelques jours, c'est tout le mois qui va s'éclipser. Le passage qu'il effectue est bref. Pas vraiment désiré, disons-le franchement, en cette période de vacances et de grandes chaleurs, ajoutée à un Mondial chargé de pression et de suspens, cet invité de quelques 29 à 30 jours, n'est pas encombrant en fin du compte, contrairement à ce que beaucoup pensaient et craignaient avant qu'il ne débarque dans leur foyer. Le voilà donc qui glisse aussi rapidement qu'ont glissé et glisseront encore les autres mois de l'année. C'est le temps, il passe très vite depuis un certain temps...Positif ou négatif, c'est selon. Une chose est sûre, pour cette année, l'inquiétude des premiers jours s'est fortement dissipée depuis au moins l'entame de la deuxième semaine du jeûne. Une inquiétude, somme toutes légitime, nourrie par des rumeurs persistantes, comme c'est le cas chaque année pour ce mois du jeûne, d'une flambée des prix pour tous les produits recommandés sur la table du f'tour. Une envolée des prix, à son tour justifiée par la frénésie qui s'empare des consommateurs durant cette période de toutes les tentations, malgré un budget et des ressources limités. La flambée des prix, propre à ce mois et à certaines périodes de l'année, est aussi liée à la valeur de la monnaie européenne. Tout puissant, l'euro continue de dicter ses règles sur le marché international et national. En Algérie, comme la plupart des produits viennent de l'extérieur, étant donné que la production nationale demeure faible malgré les annonces rassurantes, voire prometteuses, des responsables des différentes départements ministériels, aucune résistance n'est possible à cette monnaie européenne. C'est un drame pour le pays de dépendre de l'importation. Gouvernement et citoyens dénoncent la situation mais rien ne change concrètement pour cause d'absence d'une réelle volonté politique et même citoyenne. L'esprit d'initiative, la créativité et l'innovation ne sont pas les points forts des Algériens. Surtout pas en ce mois de carême.Restons tout de même positifs. C'est l'attitude, de préférence accompagnée d'aptitudes, qui crée le monde autour de soi. Des scientifiques et des spécialistes du développement personnel le confirment. Une bonne gestion du budget familial, basée sur la bonne répartition de l'argent et du temps, fait que les prix se stabilisent d'eux-mêmes. C'est la loi de l'offre et de la demande. Quand les consommateurs se décident à ne pas céder à la tentation de tout acheter pour jeter une bonne partie par la suite, l'ordre se rétablit automatiquement. Cette stabilisation des prix est réelle. Les économistes parlent de normalisation. Un rapport d'évaluation du ministère du Commerce, publié le 10 juillet dernier, confirme cette tendance à la baisse des prix. Elle reste relative, très peu satisfaisante du point de vue du consommateur algérien qui fait partie de la classe moyenne -A vérifier si cette classe moyenne existe encore!- mais c'est déjà quelque chose. Le rapport du ministère du Commerce fait état d'une baisse sensible des prix pour un grand nombre de produits (légumes frais, fruits, viandes rouges et blanches... et autres). D'autres produits restent hors de portée pour des raisons évidentes. Plus précis, le rapport fait état d'une baisse de 32% pour le poivron, 10% pour la courgette et la tomate fraîche, 9% pour le piment, 8% pour le haricot vert, 6% pour l'oignon, 4% pour la pomme de terre, 3% pour la carotte et 2% pour la laitue. Pour ce qui est des fruits, les prix des pêches ont augmenté de 5% mais ont baissé de 5% pour les pommes locales, 4% pour les bananes et 1% pour les dattes en branchettes. Les ?ufs gardent les mêmes prix qu'avant le Ramadhan : 8 DA à 12 DA selon les régions, disons même les endroits (dans une même région, voire un même quartier).Pour les viandes, les prix demeurent élevés pour des budgets assez éprouvés par des dépenses de tous genres. Le même rapport ministériel avance les chiffressuivants : A Alger, le kilo de viande rouge ovine était de 1 467 DA au début du mois. Il est passé à 1 260 DA le 9 juillet. A Bechar, les prix sont respectivement de 1 300 DA et 1 250 DA. A Ouargla, ils sont de 1 267 DA et 1220. Pour le poulet éviscéré, la baisse est de 3%. Elle est de 1% pour la viande bovine congelée.Une autre baisse de 1% concerne les prix des huiles alimentaires et des pois chiches, très demandés durant ce mois. Invité récemment au forum de notre confrère El Khabar, le directeur général du contrôle économique et de la répression des fraudes au ministère du Commerce, Abdelhamid Boukahnoun, avait assuré de la disponibilité de tous les produits. Cela s'est bien confirmé sur le terrain, les étals ayant été (Ils le sont encore) bien achalandés. Aussi, avait-il insisté, les dispositifs de régulation du marché et ceux du contrôle de la qualité et de lutte contre la fraude sont bien renforcés, cette année (mobilisation de plus de 6 000 agents). Ce qui n'était pas le cas pendant de longues années où l'on se plaignait du manque d'effectifs et de véhicules de service pour le moindre déplacement. Parlant des marchés, l'autre nouveauté, selon le même responsable, réside dans la réception prochaine de quelques 720 marchés (de détail, de gros et de proximité). Ils seraient d'un grand apport du moment qu'ils devraient permettre une offre plus importante de produits, de même qu'une certaine stabilité des prix. Il est à déplorer toutefois que des marchés du genre, notamment ceux de proximité, ont été promis, réalisés et ouverts dans différents endroits du pays, principalement Alger mais ces derniers sont devenus source d'inquiétude et de désarroi au lieu de ramener la paix attendue et contribuer, un tant soit peu, à l'éradication de l'informel. Non raccordés aux différents réseaux dont ceux d'électricité et d'eau, la plupart de ces espaces commerciaux sont simplement boudés par ceux qui sont censés en être les premiers bénéficiaires. Certains les gardent mais baissent rideau, préférant poursuivre leur activité commerciale ailleurs, sur le trottoir ou dans d'anciens magasins devant être détruits. D'autres les louent. Dans de nombreux cas, ces nouveaux marchés ne sont pas opérationnels et un bras de fer est alors engagé entre les marchands et les autorités locales. Les deux parties campent sur leurs positions et ce sont les consommateurs qui en pâtissent, ainsi que certains commerçants qui affirment vouloir vraiment travailler. L'éradication de l'informel n'est pas pour demain en Algérie. C'est loin d'être le cas. Des responsables politiques, appuyés par des associations de défense du consommateur, laissent entendre une possible légitimation de ces espaces et la reconnaissance du titre du commerçant pour celui qui exerce le métier. Métier, c'est trop dire d'autant que tout se fait pratiquement dans l'anarchie totale, conjuguée à l'emploi de la force. C'est tout de même le mot utilisé par les différentes parties. Tout ça pour en arriver là ! Finalement, toutes les campagnes et dispositions menées par tous pour mettre fin au marché informel n'ont abouti qu'à une seule conclusion : «le légitimer faute de pouvoir l'exterminer». La phrase cynique est d'un représentant de la Fédération des associations de protection du consommateur, prononcée il y a quelques jours, au forum de notre confrère d'El Moudjahid : «Moi, je propose que les agents du ministère du Commerce se déplacent aussi dans les marchés informels pour des contrôles de la qualité des produits. Du moment qu'on n'arrive pas à lutter contre cet informel, autant le légitimer». A méditer...K. M.
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Posté Le : 16/07/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Karima Mokrani
Source : www.latribune-online.com