Son professeur, Mohamed Mazouni, lui prodiguera les rudiments du métier. Il rejoint quelques mois plus tard l'association El Mossilia El Djaziria pour y rester jusqu'en 1970, année où il intègre jusqu'en 1975 Fen El Adeb du Ruisseau, sous la houlette de Mohamed Khaznadji et de Mustapha Boutriche. En 1982, il fait une autre escale heureuse et définitive au niveau de l'incontournable association El Fakhardjia. Il est d'ailleurs vice-président et professeur de la semi-classe supérieure et de la classe supérieure de cette dernière association. Membre également du comité pédagogique de l'association Mezghena, Hacene El Béjaoui se plaît à répéter qu'il est l'ami de toutes les associations andalouses. A ses débuts, l'artiste a commencé à se familiariser avec la derbouka et d'autres instruments musicaux avant d'apprivoiser le violon. Dès l'entame des années 2000, il est sollicité en tant que professeur de musique classique dans les différents conservatoires de la capitale.D'une voix presque timide, Hacene El Béjaoui tient à préciser qu'il s'est toujours attelé à enseigner le hawzi et le aâroubi, chantant excellemment le chaâbi et l'andalou. Se remémorant son passé avec beaucoup de nostalgie, il se rappelle que le premier enregistrement qu'il a effectué remonte aux années 1975 au niveau de la Chaîne II. Il a également trois enregistrements datant de 1984 à la RTA. Portant un regard plutôt amer sur la musique andalouse d'aujourd'hui, le musicien confie, qu'actuellement, la scène artistique ne compte pas la qualité mais la quantité : « A notre époque, nos regrettés chouyoukh étaient El Anka, Dahamne Benachour... Ce n'était pas n'importe qui qui pouvait se permettre de se lancer dans le chant. C'est le maître qui choisissait ses éléments et qui leur distribuait de petits programmes. La musique classique demande des connaissances. Comme disait El Anka, on ne peut pas manger de fruits non mûrs ». A son grand regret, Hacene El Béjaoui est convaincu que personne n'est à sa place. « Ce sont des gens qui n'ont rien à voir avec la musique. Avant, ceux qui géraient la musique étaient à la hauteur. Aujourd'hui, personne n'est véritablement à sa place. Dès qu'un artiste se retrouve à la télévision ou à la radio, il pense qu'il est un grand maître ». Pour preuve, atteste notre interlocuteur, certains ne comprennent même pas le sens d'une note musicale.Les choses vont de mal en pis. Actuellement, insiste-t-il, un nouveau phénomène semble s'être emparé des pseudos chanteurs andalous. Les cassettes magnétiques et les CD, vendus sur la marché national, semblent faire leur bonheur. Ces derniers se contentent d'écouter d'une façon répétitive un enregistrement voulu pour ensuite se lancer dans l'interprétation avec un mandole. « Ce sont ces personnes qui montent sur scène, ils percent alors qu'ils n'ont rien à voir avec la musique ». Selon lui, la médiocrité a émergé face au vide culturel qui a prévalu durant la décennie noire qu'à traversée l'Algérie. C'est parce qu'il a donné toute sa jeunesse à la musique qu'il est en mesure d'affirmer, sans honte aucune, que rares sont les organisateurs étatiques ou privés qui font appel à lui ou à d'autres artistes de sa trempe. « Pourquoi, nous les professionnels, sommes marginalisés de la sorte, alors que nous avons tant de choses à donner ' J'interpelle le ministère afin de se pencher sérieusement sur le cas de tous les artistes algériens », lance l'artiste d'une voix émue. La persévérance, l'humilité, la ténacité, le souci de la perfection et l'acharnement au travail resteront les vertus par excellence de cet artiste au tempérament serein.
Posté Le : 28/06/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Nacima Chabani
Source : www.elwatan.com