La feuille de route finalisée

Après six mois d'existence, le ministère délégué chargé de la Réforme hospitalière élabore un projet de feuille de route pour ouvrir le titanesque dossier de la réforme du système de santé. La première phase de consultation est achevée. Elle a porté sur l'élaboration d'un état des lieux, mais également des textes réglementaires devant servir de base au processus de réforme. Une première mouture sera bientôt présentée en Conseil des ministres.Nawal Imès- Alger (Le Soir)- Créé dans une conjoncture dominée par l'épidémie de coronavirus, le ministère délégué chargé de la Réforme hospitalière entame le chantier de la réforme hospitalière en élaborant un projet de feuille de route à l'issue de la première phase de consultation. Le département du Pr Ismaïl Mesbah a choisi de ne pas mener cette réforme en solo.
Il opte pour une concertation la plus large pour s'assurer du soutien des différents acteurs du secteur. C'est dans cet esprit qu'en date du 3 février dernier, une «note d'information» avait été adressée aux différents partenaires sociaux, dans laquelle il est dit que le ministère agit, là, «au terme de la première phase de consultation du processus de réforme hospitalière et par souci de partage et d'information, et par devoir de transparence», afin de «rapporter fidèlement les actions et démarches initiées depuis la mise en place du ministère chargé de la Réforme hospitalière». Dans sa correspondance, le département du Pr Mesbah ajoute que les actions qui seront menées se feront dans le cadre de la concertation avec les différentes parties prenantes, rassurant sur l'intention de ne pas mener d'actions unilatérales.
Première phase de cette démarche : «Dresser un état des lieux, du fonds documentaire, du projet de feuille de route et du texte réglementaire relatif à la gouvernance du processus de réforme, l'initiation de mesures visant à mettre en place les outils de la réforme hospitalière.»
En clair, le ministère délégué auprès de celui de la Santé entend donner une assise juridique à son action, mais surtout l'inscrire dans le temps. Le chantier de la réforme du système de santé ne date pas d'aujourd'hui.
Les différents ministres qui se sont succédé à la tête du ministère de la Santé ont tous essayé leurs propres recettes, promettant tour à tour monts et merveilles, mais surtout consommant des budgets colossaux pour des résultats que tout le monde s'accorde à qualifier de piètres.
Le président du SNPSSP rappelle, à ce titre, que la réforme remonte à plusieurs années. Elle avait, dit-il, été entamée du temps du Pr Aberkane, poursuivie quelque temps après avant qu'elle ne tombe dans les oubliettes. Le Dr Mohamed Yousfi estime que «cette réflexion sur le système de santé tombe à point nommé avec, d'un côté, une loi sanitaire dont on attend toujours les textes d'application mais également devant le chamboulement économique et politique depuis le 22 février, mais aussi la crise sanitaire.
Tout cela fait que cette réforme du système de santé devient une urgence et une nécessité vitale parce que, si après ce qu'on vient de vivre, on ne tire pas les leçons et on s'installe dans la transparence, on aurait totalement raté le coche et l'avenir sera très sombre pour le système de santé». En optant pour la création d'un ministère dédié à la Réforme hospitalière, les pouvoirs publics ambitionnent de donner un coup d'accélérateur à cet éternel chantier.
En installant en juillet dernier le Pr Mesbah dans ses fonctions, le Premier ministre donnait le la en affirmant que «cette installation servira à provoquer une cadence rapide dans la prise en charge des problèmes du secteur de la santé en général», ajoutant que la réforme hospitalière visait la «réforme profonde» de ce secteur.
Fraîchement installé, le concerné affirmait, pour sa part, que «cette réforme était importante, urgente et obligatoire», ajoutant que «notre but, c'est d'assurer le service public et la protection de tous les Algériens, en leur offrant des soins de qualité». Un v'u pieux que beaucoup de ministres de la Santé avaient formulé avant de quitter le secteur, sans l'avoir jamais concrétisé.
N. I.