Soixante ans d'indépendance ou presque. Allah Yarham Echouhada. Gloire aux martyrs, les femmes et les hommes, les jeunes et les moins jeunes. Soixante ans après, et nous demandons pardon à nos martyrs, femmes et hommes, en leur disant, sans nuance aucune : excusez-nous, pères et grands-pères, mères et grands-mères, de chuchoter à vos âmes cette réalité amère : Nous nous sommes trompés de modèle, celui que nous avions choisi, depuis l'indépendance, depuis votre départ, votre sacrifice, votre silence ! La vie n'est pas un film égyptien, ni un feuilleton turc, ni un prêche d'un prédicateur moyen-oriental ! Soixante ans d'indépendance ou presque, et des scènes abjectes nous choquent quotidiennement. Des scènes choquantes ne cessent de défiler sur des chaînes de télévision qui jouissent de la publicité des entreprises nationales.Voici l'image d'une femme de chez nous, une Algérienne avec un A majuscule, en direct d'un plateau d'une chaîne TV, embrassant les pieds de son mari ! L'ARAV, bonne nuit !
Dans un mouvement d'humiliation, comme à l'époque de la traite négrière, l'ère de El Ama l'esclave, et dans une position physique honteuse et abjecte, une Algérienne avec un A majuscule embrasse les pieds de son mari. Soixante ans d'indépendance ou presque ! Cela fait mal aux martyres et aux moudjahidat, les braves femmes de la guerre de Libération ! Djamila Bouhired, l'?il qui ne dort jamais ! Louisa Ighilahriz, l'?il qui ne dort point ! Et les autres qui nous regardent de l'au-delà, du ciel ou de l'Histoire ; Malika Gaïd, Maliha Hammidou, Hassiba Ben Bouali, Saliha Ould Kablia, Nafissa Hamoud, Danielle Minne, Akila Ouared, Raymonde Peschard, Jacqueline Gherroudj, Evelyne Safir Lavalette, Claudine Chaulet... Les martyres se retournent dans leur tombe !
Nous nous sommes trompés de modèle à suivre, cela perdure depuis plus d'un demi-siècle, soixante ans presque. La vie, aux yeux des Algériens, se présente comme un film égyptien, un feuilleton turc, ou un prêche d'un prédicateur moyen-oriental ! Ce spectacle éc?urant de cette femme algérienne supposée descendante de Djamila Bouhired, de Louisa Ighilahriz, de Malika Gaïd, de Hassiba Ben Bouali, de Saliha Ould Kablia..., léchant les pieds de son mari, n'a provoqué aucune dénonciation, aucune indignation de la part de la société civile ni intellectuelle... excepté quelques voix isolées presque étouffées. Bonne nuit, l'ARAV !
En toute franchise : que serait-il passé, sur les réseaux sociaux, si une Algérienne avec un A majuscule, de chez nous, avait embrassé et en direct sur un plateau de TV son mari légitime sur la bouche ou même sur les joues ' L'apocalypse ! Elle aurait été lynchée. Insultée de tous les noms d'oiseaux. Tout le monde aurait demandé sa tête et celle de son mari légitime. Elle aurait été boycottée par toutes les voisines et les voisins. Elle aurait été caillassée. Huée, sans retenue aucune, par les enfants du quartier. Harcelée par les jeunes et les moins jeunes du quartier. La chaîne TV aurait été poursuivie en justice. Les associations caritatives auraient déposé une plainte contre elle et son mari légitime... Le ciel lui tomberait sur la tête !
Et même l'ARAV se réveillera, peut-être ! Nous vivons dans une société qui endure depuis un demi-siècle le poids d'une grande hypocrisie socioreligieuse et politico-intellectuelle.
A. Z.
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Posté Le : 16/07/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Amin ZAOUI
Source : www.liberte-algerie.com