Algérie

La femme algérienne peine à s'imposer comme citoyenne


Photo : S. Zoheir
Par Hasna Yacoub
La femme algérienne célèbre aujourd'hui, à l'instar de toutes les femmes du monde, sa journée mondiale du 8 Mars. Elle célèbre cette journée à l'ombre du cinquantenaire de l'Indépendance sans pour autant avoir acquis son indépendance. Elle la célèbre également à quelques semaines seulement des élections législatives qui donneront naissance à une nouvelle Constitution qui risque de lui ôter le peu d'acquis qu'elle a arrachés jusque-là. C'est le cas de le dire, car la femme algérienne, qui a beaucoup souffert, a de tout temps lutté sans pouvoir briser les chaînes des mentalités rétrogrades. Depuis toujours, la femme a été de tous les combats collectifs.
Le 1er Novembre 1954, la femme algérienne a assumé, aux côtés de l'homme, ses responsabilités à l'égard de la Révolution. Faisant preuve d'un courage extraordinaire, elle a prouvé qu'elle constituait la moitié du souffle pour la lutte de libération. Malgré le devoir
patriotique accompli, la femme, une fois l'indépendance retrouvée, s'est vue exclue de tous les centres de décisions. Elle s'est vue placée «mineur à vie» dans un pays pour lequel elle s'est entièrement donnée. Est-elle donc une héroïne révolutionnaire juste dans le
discours officiel qui célèbre l'Indépendance depuis 1962 ' La femme algérienne, meurtrie dans sa chair durant les années de
terrorisme, n'a pas baissé les bras et a lutté de toutes ses forces contre l'obscurantisme et l'oppression et pour la liberté pour que vive une Algérie démocratique. Elle se retrouve héroïne de la lutte contre le terrorisme dans le discours des «démocrates» qui n'ont jamais pensé à lui donner la place qu'elle mérite. En 2012, la femme algérienne continue d'être cantonnée dans un statut d'infériorité par rapport aux hommes à travers le code de la famille. Elle continue d'être marginalisée politiquement et économiquement par
une représentation symbolique. Elle continue de subir les affres de la violence domestique et celle du regard de la société. La femme algérienne risque même d'être la victime des mutations à venir. Elle risque de voir ses libertés se rétrécir encore plus avec la prochaine Constitution. Les enjeux sont énormes et sa lutte est donc loin d'être terminée. Elle devra refuser de se taire, se battre pour faire entendre sa voix, renoncer à abdiquer, continuer à étudier, écrire et travailler pour dire sa détermination. Elle devra tout simplement ne jamais cesser de rappeler : «Je suis une citoyenne à part entière.» Dans cette lutte, le chef de l'Etat se positionne aux côtés des femmes. Dans un message qu'il a adressé hier aux Algériennes, le président leur lance un appel pour exercer leur droit tout au long du processus électoral. «Cette échéance est différente des précédentes, c'est pourquoi la femme se doit de reprendre sa place vitale par le biais des urnes et exprimer, ainsi, ses aspirations et sa ferme détermination à aller de l'avant dans l'approfondissement du processus démocratique», a souligné le président Bouteflika qui n'a pas manqué de souligner que «beaucoup de travail reste encore à entreprendre à tous les niveaux, notamment celui de la société civile et des associations féminines pour créer un climat propice à la participation qui constitue l'essence même de la démocratie». Abdelaziz Bouteflika affirmera : «Viendra le jour où la responsabilité sociale incombera à la femme partant du rôle qu'elle joue au sein de la société d'une part, et en fonction du taux qu'elle représente au plan démographique d'autre part. En attendant ce jour qui ne saura tarder d'ailleurs au regard de l'évolution que connaît notre société, l'Etat assume pleinement ses responsabilités constitutionnelles».
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