Algérie

"La fausse saison" et "Une histoire dans ma peau" projetés à Ibn Zeydoun



L'après-midi d'avant-hier était dédiée aux courts métrages algériens au 10e Fica (Festival international du film engagé). Dans cette catégorie, qui, rappelons-le, vient d'être intégrée à la compétition officielle, Hadi Hiya, La fausse saison et Une histoire dans ma peau ont été projetés à la salle Ibn Zeydoun en présence de certains réalisateurs et comédiens.Si Hadi Hiya (Ainsi soit-il) entre dans l'intimité d'un couple dont le passé ressurgit brusquement et rouvre les blessures et des traumas que l'époux n'arrive pas à saisir, les deux autres courts dressent à leur tour des portraits d'hommes, à deux époques différentes, reliés néanmoins par la période de la décennie rouge.
Dans La fausse saison, Menad Embarek nous plonge dans l'Alger de l'année 1993, au c?ur d'une famille d'intellectuels dont le fils, Djamel, sera pourtant recruté par le bras armé de la mouvance islamiste. Le 3 juin de cette année, le jour même où Djamel devait exécuter son voisin Midou, un chanteur de cabaret campé par Ahmed Meddah, l'écrivain et journaliste Tahar Djaout décède.
C'est une Algérie à la fois assoiffée de liberté et qui ne flanche pas malgré la terreur ambiante, tout en faisant face à son destin et à la bêtise des hommes. L'ombre de Tahar Djaout revient sans cesse entre ces moments silencieux, voire froids de Djamel, quelques heures avant de passer à l'acte, le flash-infos qui annonce le décès du journaliste après un profond coma, ce mur de l'indifférence entre le jeune terroriste et son père, et ces moments vécus comme une délivrance dans le cabaret où chante Midou.
Ce fil rouge de la décennie noire est aussi présent dans le court métrage Une histoire dans ma peau, de Yanis Kheloufi. Son protagoniste Farès Kader Affak, ancien membre du café littéraire le Sous-Marin, activiste et président de l'association Le c?ur sur la main, se raconte et raconte cette vie de militant qu'il a choisie.
Entre collecte de dons à la faveur des sinistrés, rénovation du Sous-Marin (siège du parti MDS) qui abritait aussi des expositions et des rencontres littéraires, et ses apartés avec le jeune réalisateurs, cet acharné du travail ose enfin raconter "cette histoire" et qui l'a menée vers la voie de l'altruisme.
Un drame personnel et intime le renvoie aux années 90 et au cancer du sang de sa mère. Impuissant, il décide de faire appel à l'aide des autres dans un café pour lui venir en aide. "Mon militantisme et mes luttes ont gravé une histoire dans ma peau", a lancé Affak, tout en rendant hommage, dans son discours après le débat, aux prisonniers d'opinion.

Y. A.


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