Algérie

La fausse Alliance Edito : les autres articles



La fausse Alliance                                    Edito : les autres articles
Il n'y a aucune raison de penser que le président Bouteflika acceptera l'offre de Bouguerra Soltani, leader du Mouvement de la société pour la paix (MSP), d'organiser un référendum sur «les réformes» politiques. Le chef du parti islamiste croit savoir que ces «réformes», que personne n'a encore vues, auraient été récupérées par des partis. Lesquels ' Le FLN et le RND, selon ce qu'il suggère. Pourtant, ces deux partis forment, avec le MSP, ce qui est encore appelé «l'Alliance présidentielle». Un regroupement sans agenda ni vision, censé appliquer le programme du chef de l'Etat. Les leaders de ces formations, dont deux ont occupé à tour de rôle le poste de Premier ministre, ont failli se rouler par terre pour dire qu'ils sont là, disposés au garde-à-vous, mobilisés, pour mettre en pratique le plan d'action du locataire d'El Mouradia. Ils ont volontairement accepté de placer au frigo leurs propres projets de société et de reconnaître la perte de leur autonomie.
Le RND est, dès sa naissance en 1997, apparu comme un appareil mis au service du pouvoir, quelle que soit la direction du vent. Aujourd'hui, le parti d'Ahmed Ouyahia donne l'impression d'être le seul à défendre le «package» de lois proposées par Bouteflika. Une initiative qualifiée de «réformes» politiques. Le FLN, soudainement pris par la tentation de sortir des rangs de l'allégeance, se met à critiquer ces lois, à faire des amendements et à menacer de bloquer les textes au niveau de la Chambre basse du Parlement. Dans un autre pays, où les institutions fonctionnent normalement, d'après une expression effective de la représentation nationale, l'action critique d'un parti majoritaire aurait été normale.
Le Parlement ne doit pas être «le déversoir» des lois du gouvernement. Or, en Algérie, l'APN est devenue pire qu'une chambre d'enregistrement. Dès qu'elle se met à s'opposer aux propositions de l'Exécutif, son travail devient suspect. Et sur le pont, les préposés à la dénonciation se bousculent pour être visibles. Louisa Hanoune, première responsable du Parti des travailleurs (PT), accuse le FLN de «ne plus soutenir» Bouteflika. Son argument est que les députés de l'ex-parti unique, traités de «réactionnaires», ont «une attitude négative» avec les lois présidentielles. La position «positive» est-elle de les applaudir ' Le PT, profondément engagé dans «un appui» sans faille à Bouteflika, est épargné par le FLN.
Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général contesté du vieux parti, préfère s'attaquer à Ahmed Ouyahia et au RND. Sérieusement, le représentant personnel du président Bouteflika parle «d'opportunisme» ! On se tire dans les pattes, on échange des mots doux et on se promet des futurs lynchages en public.
L'Alliance présidentielle, basée sur un vrai-faux pacte et qui étouffe la scène politique nationale depuis onze ans, coule dans la boue. Il est temps qu'elle disparaisse, elle aussi, pour libérer le champ de l'action politique dans le pays et permettre au vrai militantisme, nourri d'idées nouvelles et de convictions sincères, de retrouver sa place. L'Algérie en a sérieusement besoin.


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