Algérie

La fatalité de la thésaurisation



Pas moins de 80 milliards de dollars seront engrangés cette année, ce qui portera à 200 milliards de dollars la manne financière disponible dans le pays fin 2008. Les autorités ne savent plus quoi faire de cet énorme excédent. L?idée d?un Fonds Souverain ne les séduit pas au prétexte qu?il est sujet à risques, celle d?une caisse de dépôt ne les enchante pas non plus au motif qu?elle ferait doublon avec la Banque d?Algérie. Ces expériences ont été pourtant réussies dans divers pays, notamment en matière de mise sur pied d?un fonds public d?investissement. Et c?est, depuis 2002, une interminable attente d?une décision politique qui mettrait fin au manque à gagner découlant du gel de dizaines de milliards de dollars tant au niveau du Trésor public que des banques. Les autorités se sont contentées jusque-là du dérisoire taux d?intérêt généré par les placements à l?étranger en bons du Trésor, notamment aux USA. Mais la mesure qui fait le plus défaut à la Nation est d?ordre interne. Elle a trait à l?injection massive des disponibilités financières dans l?économie nationale. Le prétexte communément avancé par les autorités est l?impossibilité pour celle-ci d?absorber une forte dose de capitaux. Pourtant, il n?est nul besoin d?être expert pour relever la fausseté d?un tel argument, car les fellahs se plaignent d?un manque cruel en semences, en aliment du bétail, en machines et en engrais, les entrepreneurs privés eux, du déficit en machines de dernière génération, en méthodes modernes de gestion et en prêts bancaires. Les sociétés publiques souffrent quant à elles de l?archaïsme de leur outil de production, du déficit en main-d??uvre qualifié et de l?inadéquation de leur gestion avec les normes universelles. Tous ont besoin de dinars et de devises pour se lancer dans la production ou dans ce qui est communément appelé l?économie réelle. Celle-ci fait cruellement défaut en Algérie, l?Etat lui ayant préféré l?investissement dans les équipements et les infrastructures qui, bien que nécessaires au pays, ne lui assurent pas la croissance. Cette dernière ne peut venir que des entreprises et des unités agricoles travaillant sans contraintes et bien encadrées par des pouvoirs publics réformateurs et débureaucratisés. L?économie réelle est la voie royale pour la création de centaines de milliers de petites entités de production dans l?industrie, les services et l?agriculture. Dans ce dernier secteur précisément, il existe de formidables opportunités au vu de la pénurie mondiale de produits alimentaires subissant une flambée des cours sans précédent. Une sorte de « Plan Marshall » pour l?économie algérienne, voilà la solution pour ce cortège de millions de jeunes en quête d?emploi, happés par les mirages de l?exil et par le terrorisme. Il est possible d?extirper l?argent du pétrole de la fatalité de la thésaurisation et de l?improductivité et de mettre un terme au paradoxe algérien d?un Etat riche et d?une société pauvre. Reste à résoudre la question clef : frappé du sceau de la mauvaise gouvernance, le système actuel sera-t-il en mesure de réaliser cette ambitieuse réforme qui implique l?abandon des réflexes rentiers et les tentations de la corruption ?


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