Le comité de sécurité alimentaire mondiale de la FAO a adopté, hier dans la matinée, un document visant à encadrer l'achat de terres à travers le monde.
Une décision saluée par les ONG, qui regrettent par contre que ces mesures ne soient pas contraignantes. «Ils l'ont approuvé par acclamation. C'était unanime, tout le monde s'est levé et a applaudi», a commenté George Kourous, porte-parole de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. Les Etats, le secteur privé, la société civile et les organisations internationales ont collaboré à l'élaboration de ce document. La FAO espère faire de ce texte un «document de référence».
Partant du constat que «l'élimination de la faim et de la pauvreté dépendent dans une large mesure de la façon dont les personnes, les communautés et les autres acteurs accèdent aux terres», la FAO expose sur une quarantaine de pages ces directives «pour une gouvernance responsables des régimes fonciers». «Des droits fonciers inadaptés et non sécurisés augmentent la vulnérabilité, la faim, la pauvreté et peuvent conduire à des conflits et des dégradations environnementales», s'inquiète l'organisation des Nations unies. La FAO insiste à la fois sur les droits des peuples autochtones, l'égalité des sexes pour l'accès aux terres, mais aussi l'importance de la transparence et de l'information des populations.
S'agissant du phénomène de ruée sur les terres arables dans les pays pauvres, sans le dénoncer complètement, la FAO considère en revanche nécessaire pour les Etats de se prémunir contre «les risques que les transactions à grande échelle portant sur les droits fonciers sont susceptibles de présenter». Pour ce faire, l'organisation de l'ONU préconise notamment d'«édicter des règles transparentes concernant l'échelle, la portée et la nature des transactions autorisées sur les droits fonciers et définir ce qui constitue, sur leur territoire, une transaction à grande échelle». Les ONG dénoncent, depuis plusieurs années, l'impact globalement négatif de la course à la terre dans les pays pauvres. Plus de 200 millions d'hectares de terres, soit environ huit fois la taille du Royaume-Uni, ont été vendus ou loués entre 2000 et 2010, souvent au détriment des populations locales, selon des chercheurs.
Les ONG se félicitent de l'adoption de ce document, affirmant que cela constitue un progrès pour le respect des paysans dans les pays pauvres. Dans le même temps, elles louent le processus démocratique pour l'élaboration de ces directives avec l'implication de la société civile. «Il est maintenant urgent que les gouvernements utilisent ces directives pour adopter des législations obligatoires afin de protéger les paysans de cette violation flagrante de leurs droits», estime Angel Strapazzon du mouvement paysan international La Via Campesina. «Nous considérons que l'adoption de cette directive est un premier pas, une avancée notable mais il ne faut pas en rester là», note Renée Vellvé, cofondatrice de Grain.
Les organisations humanitaires regrettent que le texte ne condamne pas plus clairement et plus directement les grands investissements. «Les Etats n'ont pas obligation d'appliquer ces mesures», regrette Clara Jamart, d'Oxfam France, qui insiste sur la nécessité d'avancer vers des mesures juridiquement contraignantes pour sanctionner les acteurs qui ne respectent pas les droits fonciers reconnus par la communauté internationale. Autre bémol relevé par
les ONG : le texte élude le problème des ressources en eau, pourtant primordiales pour la sécurité alimentaire.
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Posté Le : 12/05/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : El Watan
Source : www.elwatan.com