Algérie

La fantasia dans toute sa splendeur


La fantasia dans toute sa splendeur
Après avoir, des années durant, pratiqué l'équitation, Nadjib Rahmani se découvre, depuis quelques années, une autre passion : la photographie de la fantasia. Une autre façon de voir, avec un ?il neuf et alerte, un patrimoine maghrébin vieux comme le monde, dont il met tout son savoir-faire pour sa promotion. Loin de l'exotisme orientaliste, encore légion chez quelques artistes bien de chez nous, il fait sienne une lecture réaliste et objective de cette tradition socle et richesse de notre culture. Pour une énième démonstration, il a donné le coup d'envoi, samedi dernier, à une exposition de photographies d'art dans le hall de l'hôtel Sofitel à Alger intitulée « Cheval, des hommes et des traditions ».Le beau triptyque est mis en évidence à travers quarante-sept clichés, illustrant plusieurs scènes de spectacles équestres traditionnels, savamment glanés lors du Festival national de la fantasia. Ce dernier se tient, chaque année, dans la wilaya de Relizane. Un cliché suivant l'autre, le spectateur plonge dans un univers d'une pureté esthétique sans commune mesure avec ce que l'on pourrait trouver ailleurs. De fiers cavaliers, munis de fusils de poudre noire (El Baroud) chevauchent des montures richement harnachées. D'autres simulent une charge de cavalerie dont l'apothéose est le tir coordonné d'une salve de leurs armes à feu. Tout un monde qui exhibe une culture dont on admire encore et toujours le faste.Cri d'alarmeEn choisissant la très réaliste technique du noir et blanc - deux seulement des photos sont présentées en couleur - Nadjib Rahmani fait part de son inquiétude quant au devenir de cette pratique ancestrale en pleine « déperdition » et de la race royale du cheval barbe maghrébin, et des métiers traditionnels y dépendant. « La thématique choisie se veut prétexte non pas seulement pour parler de la fantasia, elle expose surtout un sérieux problème lié à l'élevage du cheval barbe », s'inquiète le photographe qui ne cache pas sa crainte d'une éventuelle « extinction » du cheval arabo-berbère qui a inspiré bon nombre d'artistes de renommée internationale, à l'instar d'Eugène Delacroix, auteur de célèbres toiles traitant du sujet.Pour pallier ce risque, il lance un appel à la Fédération des sports équestres dont dépend la fantasia, pour mettre en ?uvre une politique visant à préserver les souches du cheval barbe, unique dans son genre. En outre, il exhorte les pouvoirs publics à plus d'engagement pour perpétuer les métiers liés à ces spectacles, non sans vanter l'amour et l'attachement des personnes impliquées dans la mise en valeur de la fantasia que ce soit à Tiaret, le berceau du barbe, Tlemcen, El Bayedh... ou dans les autres régions du pays. « On a un sérieux problème sur les différents métiers traditionnels. Il n'y a pas beaucoup de relais. Là aussi, il y a un énorme travail », met-il en garde.Après cette exposition, qui fait suite à un long travail sur la fantasia, Nadjib Rahmani entend publier un livre photographique dédié au cheval en Algérie. « Il faut savoir que chaque région revendique sa propre manière de faire et de fêter la fantasia. C'est une richesse que je voudrais mettre en évidence à travers ce livre dont l'édition est étroitement liée à la disponibilité d'un sponsor », nous a-t-il confié.


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