Algérie

La famille de la victime réclame justice


Erreur médicale, négligence, laxisme, langue de bois, mensonges, tractations en coulisses pour étouffer l'affaire. » Les mots sont durs, mais ils expriment toute la détresse de Tamer Dalila, une femme aux traits profondément marqués par une vie en gris et noir. Elle s'est présentée au bureau d'El Watan pour stigmatiser jalon par jalon le calvaire vécu par son frère aîné Abdelwahab, 45 ans, atteint de troubles mentaux à l'origine de fréquents séjours à l'établissement hospitalier spécialisé en psychiatrie érigé à l'orée de la forêt de Djebel Ouahch, sur les hauteurs de la ville de Constantine. Elle dénonce également certaines man'uvres entreprises par des membres du personnel paramédical de cette institution. « J'ai refusé les médiations entreprises par un représentant du personnel paramédical qui m'a contacté à plusieurs reprises pour me persuader d'accepter un dédommagement financier et en rester là. Je veux que toute la lumière soit faite et que justice soit rendue afin que les personnes impliquées dans l'erreur médicale et la série de négligences qui ont abouti à l'amputation du bras droit de mon frère soient mises devant leurs responsabilités. » Elle vit, nous dit-elle, dans une modeste chambre louée dans l'une des bâtisses lézardées d'un bidonville de l'avenue Rahmani Achour. Avec pour seule compagnie celle de son frère privé aujourd'hui, en plus de ses facultés mentales, d'un bras. Ce qui le rend, selon toute évidence, encore plus dépendant de sa s'ur, une femme au foyer dont la seule ressource est la maigre pension d'invalide allouée à la victime. Malgré des traits profondément tirés et de grands cernes qui témoignent d'un grand désespoir, cette dernière manifeste, plusieurs mois après les faits, un tempérament de battante. « J'aurais pu empocher, affirme-elle, au regard de la déchéance dans laquelle nous vivons la somme importante proposée par les médiateurs au titre d'une Diya qui devait être parrainée par un imam, mais ma conscience ne me l'aurait jamais pardonné. Mon frère est une innocente victime qui souffre encore plus de la perte de son bras et cela n'a aucun prix à mes yeux. Peut-être que l'exemple de mon frère servira de leçon à ceux qui ne manifestent aucune considération envers leurs patients, et dans ce cas de figure sous le seul prétexte de leur statut de malades mentaux. C'est pourquoi je dois aller jusqu'au bout de ma démarche. » Dans un rappel des faits destiné à éclairer sous tous les angles cette affaire, notre interlocutrice se lance dans un récit autant pathétique que symptomatique des erreurs et négligences médicales qui ont ébranlé ces derniers mois le secteur sanitaire du Vieux Rocher et de ses environs immédiats. « Les faits remontent au soir du 6 septembre dernier. Après une banale dispute entre mon frère et un pensionnaire du centre psychiatrique de Djebel Ouahch, le médecin de service, elle se reconnaîtra, a ordonné à un infirmier de leur administrer pour les calmer une injection de Tranxène en intramusculaire. Ce qui ne fut pas le cas pour mon frère qui a reçu une dose sous forme d'injection intraveineuse à son bras gauche qui lui occasionna de grandes souffrances et une paralysie qui se manifesta en quelques heures. Alerté par l'infirmier, le médecin de service estima que le mal allait s'estomper, sans plus. Le lendemain matin, le médecin affecté aux consultations externes ordonna son évacuation urgente au CHU de Constantine où la gravité de son cas n'émeut personne et il fut ainsi ramené au service psychiatrique. Il y a souffert le martyre plusieurs jours et dans l'indifférence générale. Ce n'est qu'à la vue de son bras complètement cyanosé qu'on procéda une seconde fois à son évacuation au CHU où malgré les soins apportés cette fois-ci, l'amputation de son bras gangrené s'est avérée inéluctable au bout de quelques jours d'hospitalisation. Mais, ce que je déplore également dans cette affaire, c'est le mutisme affiché pendant tout ce temps-là par la direction de l'EHS de Djebel Ouahch qui n'a même pas pris la peine de nous informer de son hospitalisation au CHU. Sur la demande de mon frère, un visiteur nous en a informés à partir de son portable. En prononçant à ce moment-là la mise à pied de l'infirmier incriminé, la direction de l'EHS m'a signifié que l'affaire était close. C'était trop facile et ce bouc émissaire est loin d'être le seul impliqué dans cette affaire, et c'est pourquoi j'ai déposé une plainte auprès de la juridiction compétente pour l'erreur médicale et toutes les négligences qui ont suivi. »
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