Algérie

La face cachée du pétrole vert



La face cachée du pétrole vert
Les biocarburants, appelés aussi « pétrole vert », « énergie naturelle » ou « énergie propre », suscitent actuellement un grand débat au niveau planétaire. Si, pour certains, ils se sont parés de toutes les vertus environnementales et sont censés participer à la lutte contre les effets de serre, pour d'autres ils constituent une menace pour la sécurité alimentaire. « Des progrès importants avaient été faits contre la déforestation, mais ce que nous voyons désormais avec ce boom des biocarburants, c'est une menace grandissante pour la forêt tropicale », a expliqué Holly Gibbs, une scientifique de l'université Stanford (Californie, ouest). « Il y a (de ce fait) une inquiétude croissante que l'augmentation de la production de biocarburants pourrait accroître les émissions nettes de CO2 plutôt que de les réduire », a-t-elle ajouté devant la presse à la conférence annuelle de l'American Association for the Advancement of Science (AAAS), réunie ce week-end à Chicago (Illinois, nord). Un rapport du département américain à l'Agriculture avait, pourtant, mis en évidence des dégâts pour les cultures au Brésil, en Argentine et au Paraguay, touchés par la sécheresse. Les biocarburants fourniront, dans 20 ans, plus de 25% des besoins mondiaux en énergie. Partant du constat que la production mondiale de biocarburants a plus que triplé entre 2000 et 2007, la FAO s'interroge sur l'impact de cette croissance à la fois sur l'agriculture mondiale, sur la sécurité alimentaire et sur l'environnement. Plusieurs messages clés ressortent du rapport. Tout d'abord, la FAO reconnaît que la croissance de production des biocarburants représente un danger pour la sécurité alimentaire et qu'elle offre, néanmoins, des opportunités de développement et de réduction de la pauvreté. Cependant, l'impact des biocarburants sur la sécurité énergétique est assez faible, selon les résultats du rapport de la FAO, qui prévoit qu'en 2030 les biocarburants représenteront seulement 3 à 4% de la consommation de l'énergie mondiale.La dépendance accrue aux ressources pétrolières, l'explosion du secteur des transports routiers, le protocole de Kyoto et la prise de conscience de l'impact des émissions atmosphériques sur la santé sont autant de facteurs qui poussent les pays industrialisés à s'orienter vers l'utilisation de carburants de substitution. Il y a ceux qui défendent la thèse selon laquelle les biocarburants, surtout ceux de la deuxième génération (non compétitifs avec l'alimentation), peuvent constituer une bonne alternative pour un développement énergétique propre, renouvelable et durable, d'autant plus que sur le plan environnemental, ils sont beaucoup moins polluants que les carburants fossiles. En Algérie, « les biocarburants ne peuvent actuellement occuper une place dans le bilan énergétique national comme carburants de substitution. Concernant les carburants propres, certains produits peuvent occuper une place plus ou moins conséquente dans le mix national des produits pétroliers. Il s'agit de carburants classiques (essence sans plomb) et de carburants gazeux (GPL/C, GNC) », note un rapport du ministère de l'Energie et des Mines, lors d'une journée d'étude organisée en juillet 2007.Les biocarburants, qui sont actuellement dans le monde au stade de lancement ou d'essai, sont produits à travers plusieurs filières : Ethanol-Carburants, Méthanol-Carburants. Cette filière connaît des freins techniques, car le mélange obtenu présente des inconvénients. Il est, notamment, plus corrosif que les carburants classiques. Les dérivés d'huiles végétales : elles constituent un progrès technique considérable et prometteur dans la mesure où le produit obtenu dispose de propriétés physicochimiques proches de celles du gasoil moteur. Au Brésil, on compte déjà six usines. Le frein principal de cette filière est son bilan énergétique, qui est généralement négatif. La limitation majeure au niveau mondial provient des surfaces agricoles nécessaires compte tenu de la faiblesse relative de la production nette à l'hectare et de l'ampleur des besoins en carburants pour des transports en croissance permanente. Autres difficultés : le coût des biocarburants (à comparer à celui des combustibles fossiles), les dommages causés à la biodiversité, les pollutions et les besoins en eau entraînés par la culture intensive de biomasse. Les biocarburants ne sont pas la panacée décrite, il y a encore quelques années par les mouvements écologistes. Ce sont, cependant, des sources d'énergie dont les applications méritent d'être développées au même titre que toutes les autres « renouvelables ».


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