Algérie

La face cachée d'un business



Aucun produit de consommation courante n'échappe à leur critiqueL'action militante prend les allures d'une «guérilla» verbale où plus personne n'échappe à un «mitraillage» en règle, souvent sans preuves scientifiquement établies.
Les changements profonds aux plans sociaux et économique et, surtout le développement des moyens de communication ont favorisé l'émergence d'un mouvement associatif quelque peu particulier et dont l'impact semble prendre de l'ampleur à vue d'oeil. Ce sont les associations de protection ou de défense des droits des consommateurs. A peine visibles, il y a quelques années, ces organisations, sorties d'on ne sait où, pullulent sur les réseaux sociaux et certaines sont parvenues jusqu'aux plateaux de télévision, à la faveur de l'ouverture du champ audiovisuel. Jadis, plutôt policé et très, voire un peu trop «responsable», le discours des militants de défense des droits des consommateurs a radicalement changé pour prendre des intonations violentes, avec à la clé des tentatives de boycott pour un oui ou pour un non. Si dans un passé pas si lointain, il leur était très difficile de se faire entendre, les animateurs de ces associations sont aujourd'hui bien visibles sur la Toile et dans le champ médiatique. Empruntant aux politiques leur tempérament «fougueux», les défenseurs des consommateurs algériens vont jusqu'à se faire concurrence pour qui «brille» le plus. C'est ainsi qu'aucun produit de consommation courante n'échappe à leur critique, aucun producteur, aucune administration ne peut prétendre aux circonstances atténuantes ou à la présomption d'innocence. La défense du droit des consommateurs a pris «le maquis» et s'éloigne du débat serein en faveur d'une logique «guérilla» verbale où plus personne n'échappe à un «mitraillage» en règle, souvent sans preuve scientifiquement établie. La «guerre de position» que se livrent indirectement certaines associations, dans le Web ou sur le terrain médiatique, poursuit prioritairement l'objectif d'une présence permanente et à terme, un niveau de popularité qui les rendraient «dangereuses» pour les opérateurs nationaux et étrangers, opérant sur le territoire national. Une forte présence et une crédibilité acquise auprès de l'opinion nationale sont de nature à conférer aux associations une force de frappe susceptible de casser ou de faire monter en flèche, une marque par rapport à une autre. L'enjeu est donc primordial pour toutes les entreprises, dont certaines ont été victimes de campagnes de dénigrement savamment orchestrées sur les réseaux sociaux et même parfois dans les médias lourds. Le mode opératoire n'est pas encore bien huilé pour la simple raison que les acteurs associatifs n'ont pas encore atteint le niveau de puissance à même de les rendre potentiellement nuisibles, donc incontournables sur la scène commerciale nationale. Mais des opérations ponctuelles sont régulièrement menées sur le terrain. Prenant souvent l'apparence de campagne d'intérêt général, à l'exemple du boycott de la viande rouge lancé, sans aucun succès il y a quelques années, ces opérations «coup de poings» ne semblent pas toutes innocentes et débouchent parfois sur de petites catastrophes économiques. On en a pour preuve la baisse de 20% du chiffre d'affaires de la filière avicole, en raison d'une féroce campagne contre ce qui a été qualifié d'abattage non conforme à la charia. Pour cette «opération», des associations ont convoqué des imams et accusé en termes crus les administrations commerciale et religieuse d'apostasie. L'escalade dans la violence verbale s'impose, malheureusement, dans le discours de certaines animateurs associatifs, comme la norme. Et les suspicions nourries, à dessein, ont pour fonction de décrédibiliser les pouvoirs publics aux yeux des consommateurs. Même si l'objectif assumé n'est pas de cette nature, il reste que la conséquence de la «guérilla» verbale s'affiche déjà au grand jour.
Le fait est que ces associations qui se disent interpellées par le droit des consommateurs n'évoquent, ces derniers jours, que les prix des véhicules assemblés en Algérie.
La féroce campagne menée contre l'industrie automobile naissante, cache, en fait, mal, une collusion entre des importateurs intéressés et quelques associations de consommateurs qui pourraient passer au- delà du simple boycott des véhicules assemblés localement pour orienter leur tirs dans la même direction que les importateurs. En tout cas, quoi qu'on puisse dire, il semble que les intérêts ont convergé pour le dénigrement de l'industrie automobile naissante.Cela dit, si l'action des associations de défense de consommateurs ne fait pas l'objet d'un contrôle strict dans l'intérêt de la société, le risque d'«opérations de chantage» est assez grand. On a, en effet, déjà vu des entreprises «contactées» par des individus se présentant comme des responsables d'associations de défense de consommateurs, avec une intention de chantage.


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