Algérie

La drogue en mode terrorisme Point Net



Le ministre de l'Intérieur, en plus d'être particulièrement inspiré, a choisi le ton de la sentence': le trafic de drogue est une nouvelle forme de terrorisme ! Mais à sa décharge, M. Dahou Ould Kablia n'a pas fait dans l'originalité.Il a seulement inversé l'équation. Avant, c'était du terrorisme qu'on a voulu faire un crime ordinaire. Aujourd'hui, c'est le crime ordinaire qui devient du terrorisme !
Beaucoup d'autres avant le ministre de l'intérieur ont tenté de trouver une autre nature au terrorisme et, prolongement logique, d'autres formes. Mais on peut très bien être inspiré et sentencieux en allant convoquer de vieilles «trouvailles».
Il suffit juste de les coller à l'actualité pour les mettre au goût du jour. Pour ce qui est d'usiner une autre nature au terrorisme, d'autres motivations et d'autres objectifs, on aura donc tout essayé.
Et parfois avec de' bonnes intentions. On a tellement tout essayé qu'on a, à un moment, songé à nous présenter les terroristes comme des cas cliniques, à appréhender donc en «malades», avec toute la compassion et la «compréhension» d'usage en la circonstance.
On a également évoqué la possibilité, quand ce n'est pas la certitude, que la soldatesque islamiste soit tout simplement de vulgaires criminels motivés par le gain et prête à toutes les atrocités pour faire fortune. Pourtant, tout démontrait que ce n'était pas le cas.
Le terrain des opérations, les victimes ciblées, le mode opératoire, les objectifs politico-médiatiques et par-dessus tout la revendication des actes terroristes par leurs auteurs !
L'objectif de cette «banalisation» n'était pas toujours clair, mais on pouvait en percevoir l'essentiel du message : parvenir à faire de l'action terroriste un acte ordinaire et en atténuer l'ampleur.
En termes d'impact psychologique du moins, c'était une «réussite», puisque dans la société, on a fini par produire de monumentaux glissements langagiers qui confondent terrorisme et menus larcins, terrorisme et' bureaucratie, terrorisme et interventions musclée de la police, terrorisme et dérapages malheureux de l'armée'
Et dire donc aujourd'hui que le trafic de drogue est une «forme de terrorisme» revient à réveiller de vieux démons. Si tant est qu'ils se soient endormis un jour. Sauf que s'agissant de drogue, c'est tout de même un peu spécial.
Parce qu'on aurait pu trouver de la pertinence dans le propos de M. Ould Kablia, s'il avait suggéré que l'argent de la drogue finançait le terrorisme. Mais ce n'est manifestement pas ce qu'il voulait dire !
Auquel cas, il aurait peut-être à répondre à cette question : pourquoi, jusque-là du moins, l'Etat a-t-il fonctionné avec la stratégie du moindre effort dans la lutte anti-drogue pour ne sortir le coup de poing qu'à la faveur de saisies records aux frontières ouest dont on connaît la configuration «passoire» '
Le trafic de drogue, que la comparaison en fasse une variante «soft» ou «hard» du terrorisme, ne se combat ni par l'exagération, ni par la sous-estimation.
La première en fait un monstre imbattable et la deuxième un épiphénomène dont on peut s'accommoder. C'est d'abord dans la société que la drogue se combat, il faut la priver de ses clients réels ou potentiels.
En leur ouvrant des perspectives et des espaces d'épanouissement du corps et de l'esprit. Ce n'est apparemment pas à «l'ordre du jour». Ce qui est à l'ordre du jour par contre, c'est la fermeture des espaces de liberté.
Et pour cela, on y va de bon c'ur et avec un rare enthousiasme. Y compris en déléguant les prérogatives de la force publique aux illuminés du quartier. Qui s'en vont, après une fermeture réussie d'un bar ou d'un magasin à vin, reprendre tranquillement et sans concurrent «haram», leur travail de' dealers.


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