Algérie

«La donne politique est déterminante»



Portant un regard sur le volet économique du Sommet arabe, l'économiste Souhil Medah, revient dans cet entretien sur les opportunités et les ouvertures, économiques de cet événement majeur, et leurs répercussions sur l'Algérie et le monde arabeL'Expression: Quel impact va avoir le Sommet arabe sur l'économie nationale'
Souhil Meddah: C'est un événement qui, à l'origine, est doté de la question politique. L'apport pour l'économie algérienne se présente en marge du sommet. Ce qui n'empêche pas dans un premier temps de renouer avec les autorités des pays arabes, et cela permettra, par ailleurs, de présenter le potentiel économique de l'Algérie, notamment la nouvelle dynamique qui commence à donner des résultats. Cela étant, il faut souligner, que les participants interviendront sur un ordre du jour déjà établi, et qui demeure essentiellement porté sur les questions politiques.
Peut-on entrevoir un approfondissement des relations économiques avec les pays arabes'
Absolument. C'est un début de relance des relations qu'on pourra capter à travers la présence de quelques délégations, composées de chefs de missions, et de représentants de la diplomatie économique. Ce qui va être une occasion pour améliorer les relations avec des pays arabes qui peuvent être de potentiels partenaires économiques, notamment pour les grands projets structurants.
Pensez-vous que le Sommet arabe peut être un point de départ pour renforcer la solidarité économique entre les Etats arabes'
Oui, effectivement, mais cela implique trois points essentiels. En premier, la proximité entre les pays est d'une grand importance pour unir les efforts et regarder dans la même direction, pour des questions majeures, telle que la sécurité alimentaire et énergétique. Il faut savoir que 90% des pays arabes se trouvent dans un même espace, et gagneraient à travailler dans un climat de complémentarité. C'est dans cette optique que des pays en difficulté peuvent émerger, a l'image de la Libye qui peut avoir des parts de marchés, des soutiens des autres pays arabes, notamment dans l'investissement, et de financement. Tous ces espaces, du Mahgreb jusqu'au Moyen-Orient renferment des parcelles de connexions très avantageuses. Mais le problème qui se pose réside dans la donne politique qui pousse certains pays a réagir négativement, au détriment de ces relations. On l'a vu lors de la réunification des factions palestiniennes, le mécontentement de certains pays n'a pas tardé à s'afficher. Le deuxième point s'articule autour du fait que certains pays arabes sont orientés économiquement vers d'autres espaces de coopération, en l'occurrence, la Chine, et l'Europe, et ne peuvent à ce titre contribuer directement à une aide entre les pays arabes. Donc une entraide entre les pays arabes, sans impliquer une autre partie, ne peut être possible.Les monarchies arabes préfèrent investir dans le Vieux Ccontinent, notamment dans les valeurs mobilières, et rester dans une posture de consommateur à l'échelle arabe. Pour le troisième point, il s'agit de la donne économique internationale, qui est très alarmante, et qui donne des signes d'une récession probablement à partir de l'Europe. Une perturbation qui véhicule un risque pour les marché internationaux, et probablement un recul de l'activité économique, qui va pousser certains pays arabes à limiter leurs interventions et leurs aides pour les pays en difficulté.
Justement, est-ce que cette conjoncture ne présente pas l'opportunité pour les pays arabes de constituer un front économique fort'
Oui, c'est une belle opportunité. Il ne faut pas oublier que les pays arabes se trouvent parmi les pays les plus riches au monde, avec des monnaies fortes, telles que celles de Qatar et l'Arabie saoudite. Cela étant, il faut souligner que les pays arabes se divisent en deux parties. Il y a une partie du Maghreb qui est orientée économiquement vers les pays francophones et européens et les monarchies arabes qui, elles, sont orientées vers les systèmes économiques anglo-saxons. Donc il y a une différence dans les modèles de connexions financières qui ne permet pas une union pour l'heure. Il faut pour y parvenir, avoir la même réglementation, et le même discours financier. Cela étant, la donne politique demeure l'élément déterminant pour concevoir l'établissement d'un front économique arabe.


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