Algérie

La division du Mali angoisse le Niger Risque de contagion indépendantiste sur Niamey



La division du Mali angoisse le Niger                                    Risque de contagion indépendantiste sur Niamey
«La situation au Mali nous préoccupe beaucoup». Cette phrase, du président nigérien, Mahamadou Issoufou, a été prononcée au mois de février 2012. Avant même que le Mali ne tombe dans une confusion institutionnelle avec le coup d'Etat qui a renversé l'ex-président ATT et l'accession aux commandes du capitane Sanogo. Le putsch n'avait pas ainsi que des répercussions internes au Mali dont la nouvelle équipe dirigeante est toujours à la recherche d'une reconnaissance internationale. Le voisinage du Mali est aussi touché par les effets du putsch, notamment la situation sécuritaire, déjà préoccupante bien avant l'avènement de Sanogo. Tous les pays du Sahel s'en inquiètent davantage. Car sur le terrain, la situation n'est guère rassurante. Et, facteur aggravant, plusieurs pays se cherchent une stabilité institutionnelle, à l'image justement du Mali et de la Libye. Et manifestement, le Niger n'est pas à l'abri d'une contagion émanant du Nord malien. A la mi-février, le Président nigérien se montrait serein. Il disait que «c'est vrai que nous ne pouvons pas ne pas avoir de soucis, mais nous avons fait beaucoup d'efforts et nous avons également mis en place un vaste programme de développement économique et social des zones du nord. Et même les anciens chefs de rébellion sont impliqués dans la mise en 'uvre du programme du développement économique et social pour les zones pastorales, qui est un programme très ambitieux, qui va nous coûter près de 1 000 milliards de FCFA». Mais voilà que les prévisions démesurément optimistes de Mahamadou Issoufou viennent d'être invalidées par l'évolution de la situation chez son voisin malien. Le Président nigérien déclarait, à la même période, que «la vraie solution, c'est le retour à la paix au Mali mais, en attendant, nous sommes solidaires avec le peuple et le gouvernement maliens. Et, c'est l'occasion de le souligner aussi, avec l'évolution politique de nos pays qui sont gérés par des Etats démocratiques, il ne doit plus y avoir de rébellion. Les rébellions peuvent se justifier sous une dictature, mais quand la démocratie s'implante, se renforce, au Niger ou au Mali, personne ne doit prendre les armes, surtout quand on prend le cas du Mali. C'est dans quelques mois que le peuple malien va être consulté pour l'élection présidentielle. Il n'y a, par conséquent, pas de raison pour qu'une fraction du peuple malien prenne les armes. C'est pour cela que je profite de l'occasion pour lancer un appel aux compatriotes maliens de retrouver leur unité, et je lance un appel à ceux qui ont pris les armes de réfléchir. Le Mali n'a pas besoin de vivre une pareille situation avec tous les malheurs que l'on voit. Nos pays ont besoin de se consacrer au développement économique et social».La réalité d'aujourd'hui contracte les v'ux d'Issoufou. Son pays doit composer avec les récents changements survenus au Mali. Dans sa première réaction au coup d'Etat du
22 mars qui a contraint ATT d'abandonner le pouvoir, le gouvernement du Niger a «exigé le retour de l'ordre constitutionnel, la libération des personnalités arrêtées, l'arrêt des violences et des pillages et la préservation de la sécurité publique». Le gouvernement du Niger risque à présent de faire face à ses Touareg qui voudront se faire plus visibles et plus nuisibles que d'habitude. Et c'est à ce niveau que Mahamadou Issoufou est tenu de ne pas rééditer le laxisme d'ATT. Ce dernier a fait preuve, selon Philippe Hugon, chercheur à l'Iris, «d'une grande faiblesse notamment vis-à-vis d'Aqmi. Il était dans une logique de départ et n'a pas fait preuve d'une grande efficacité. Tout le monde savait qu'après la chute de Kadhafi, les Touareg, qui étaient ses anciens mercenaires, allaient rentrer dans leur pays d'origine. Et pas seulement au Mali, mais aussi au Niger et en Mauritanie. Au départ, l'objectif pour ces Etats était de les intégrer dans l'armée nationale. Plus réactive que le Mali, la Mauritanie a été très dure envers les Touareg qui sont rentrés en les mettant hors d'état de nuire. Mais le Mali a laissé faire». En définitive, le Niger est tenu de faire face aux conséquences de la situation au Mali. Avec l'impératif d'opérer autrement que l'avait fait Bamako.
A. Y.


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