Algérie

LA «DIVERSITE ELECTORALE» A GENERE DES FORTUNES DIVERSES Des Français issus de l'immigration en position de siéger au Palais Bourbon



Symbolique, le fait n'en reste pas moins unique dans les annales duparlementarisme à la française. Pour la première fois depuis la fin descolonies, des Français issus de l'immigration ou des «minorités visibles»devraient, sauf déroute électorale, faire leur entrée à l'Assemblée nationale.Toujours en course au soir du 1er tour des législatives, une petite poignée decandidats est en position de s'installer sur l'un des 577 bancs du PalaisBourbon. Dans l'hémicycle où, au milieu du siècle dernier, des députés aux nomsde Ferhat Abbas, Ahmed Sékou Touré, Leopold Sédar-Sengor s'étaient employés,sans succès, à réformer ou adoucir le système colonial. Grand vainqueur du premierscrutin post-présidentiel, l'UMP a emmené une dizaine de candidats au secondtour contre six encartés au Parti socialiste (PS). Après avoir franchi l'écueilpsychologique du premier tour, tous caressent le rêve de légiférer, pendantcinq ans, au nom de la France. Et de contribuer dans la définition des grandestendances de sa politique. «Exister, c'est existerpolitiquement», martelait, avant de s'éteindre, le Franco-Algérien AbdelmalekSayed, qualifié à juste titre de théoricien de l'immigration. Ce sens de laformule cher au compagnon de Pierre Bourdieu a inspiré un autreFranco-Algérien, Mouloud Aounit. Et l'a rallié à l'idée de s'essayer auchallenge législatif. Secrétaire général du Mouvement contre le racisme et pourl'amitié entre les peuples, conseiller régional d'Ile-de-France (régionparisienne), Aounit s'est lancé dans la conquête de la 3e circonscription de laSeine-Saint-Denis. Précisément sur les lieux même du «9-3» où, tout comme sonpère, des ouvriers de la première génération d'immigrés algériens avaient poséleurs «maigres» bagages pour un séjour provisoire indéfiniment reconduit. Al'heure du dépouillement, l'ancien de la «marche des beurs» (1983) n'arecueilli que 705 voix, soit 3,24% des suffrages exprimés, contre 18,33% pourKamel Hamza, autre candidat des «minorités visibles» sous la bannière de l'UMP.Ce dernier se retrouve en ballottage défavorable avec le socialiste DanielGoldberg (21,12 %).  Le tour de dimanche ayant étésubmergé par une énorme vague bleue, ce sont les «blacks, beurs» estampillésUMP qui en ont le plus profité. Quasiment tous les noms à consonancesmaghrébine et africaine inscrits sur les listes du parti majoritaire ont prisdate avec le 17 juin. En course dans la 5e circonscription du métissé 10earrondissement - «le quartier des 63 ethnies» -, Lynda Asmani a capitalisé surson nom 28,97% de voix. De quoi lui garantir un ballottage, quoiquedéfavorable, avec Tony Dryfus (PS, 36,31%).  Jeannette Bougrab, professeurd'université et fille de harki, a gagné, elle aussi, le ticket (29,58%) pour lesecond tour, où elle sera opposée au socialiste Christophe Caresche (37,68%).Autre «UMP» en situation de prendre le chemin du Palais Bourbon, le docteurSalem Kacet (36,22%), en compétition contre Dominique Baert (PS, 37,71%). Lacirconscription devrait se jouer à quelques voix près. Côté PS, le fait du jour auchapitre des candidats métissés concerne Malek Boutih. L'ex-très médiatiqueprésident de «SOS-Racisme» a été éliminé dès le premier tour. Parisien«parachuté» par la direction du parti en Charente selon les reproches du PSlocal, il n'a recueilli que 15,66% des suffrages exprimés, contre 21,04% pourMartine Pinville, la candidate dissidente du PS bruyamment soutenue par lesstructures charentaises du PS.  Promu, voici deux ans, secrétairenational du PS chargé des questions de société, ce proche de Ségolène Royal,François Hollande et Julien Dray semble avoir payé le prix d'un désaccordélectoral entre Solférino, siège parisien du PS, et la fédération locale. Danssa première réaction à chaud après le verdict du dépouillement, il s'estefforcé de positiver son essai électoral en faisant contre mauvaise fortune boncoeur. «Nous avons ouvert une voie pour la suite. Plus aucune élection n'auralieu sans candidats de la diversité. Le mouvement est irréversible», a-t-ildéclaré à l'envoyée spécial du Monde. A Argenteuil (Val-d'Oise), banlieuenord-ouest de Paris, le Franco-Algérien Faouzi Lamdaoui, autre candidat dedirection, a tiré son épingle du jeu. Proche de Georges Morin, le fondateur del'association franco-maghrébine «Coup de soleil», Lamdaoui (26,78%) a reportéau 17 juin sa course contre l'UMP George Mothron (41,13%). Non loin de loin, lasénatrice «verte» Alima Thierry-Boumediène est sortie avec 1,49%, tout commel'ex-judoka international Djamel Bouras (9,57%), parti «braver» le député-mairePC Patrick Braouzeck sur ses terres. A Paris, Kadjidja Bourcart, adjointe deBertrand Delanoë, chargée de l'intégration, s'est présentée sous l'étiquettedes Verts dans la 7e circonscription. Dans un fief dominé par Patrick Bloch, leprésident de la fédération du PS parisien, devant l'UMP Claude-Annick Tissot,Bourcart a recueilli 5,60%. Un score modeste qui ne jette nullement le voilesur un parcours militant désintéressé et constamment à la défense dessans-papiers, des mal-logés et à l'intégration des populations d'origineétrangère.


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