Algérie

La diplomatie de la sécurité



La diplomatie de la sécurité
Alors que le chef de l'Etat venait de le recevoir, dimanche, Mourad Medelci a été dès le lendemain invité sur le plateau de Canal Algérie. Une belle opportunité pour informer l'opinion du contenu de ses entretiens avec Bouteflika. Et, pourquoi pas, sur l'état de santé de celui-ci ; un exercice auquel les officiels ne se livrent plus, il est vrai, depuis qu'il a quitté les Invalides. Ces tête-à-tête à répétition sont d'ailleurs conçus, aussi, pour "rassurer" les Algériens sur les capacités physiques et mentales du Président convalescent.Mais rien de tout cela. Mourad Medelci est bien ministre des Affaires étrangères, mais avant-hier, sur Canal Algérie, on croyait entendre un ministre de l'Intérieur. Au demeurant, il a évoqué les dossiers que son collègue Daho Ould Kablia a l'habitude, depuis quelques semaines, d'aborder à chacune des sorties de Sellal qu'il accompagne lors de ses visites dans les différentes régions du pays.
Avouons toutefois qu'à sa décharge, Medelci n'a pas été pressé de questions sur les dossiers purement diplomatiques. Ni sur les relations économiques avec les partenaires étrangers, qui sont à la fois un instrument et un objectif de toute relation diplomatique réfléchie. Encore moins sur ce sujet d'une brûlante actualité que constituent l'état et les perspectives de la coopération judiciaire entre l'Algérie et certains pays, surtout en matière d'extradition. C'est pourtant sur ces questions-là qu'un ministre des Affaires étrangères est naturellement attendu.
En réalité, l'évacuation des dossiers diplomatiques de premier ordre du discours de Medelci est révélatrice des préoccupations majeures du pouvoir en cette conjoncture faite de crises et de troubles dans la région, mais aussi de doutes au plan interne : il ne faut pas que l'insécurité à nos frontières et chez nos voisins vienne s'ajouter à la confusion nationale du moment ; cela risquerait de donner un mélange détonnant.
Mais pas seulement : l'insécurité, brandie comme un épouvantail, et la lutte contre le terrorisme, comme antidote, sont devenues ces dernières années les seuls leviers de la diplomatie algérienne. Et, du reste, l'Algérie n'est sollicitée que sur ces questions. C'est déjà ça et le pouvoir n'a besoin que de ça. Pour le moment...
S. C
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