Algérie

La diplomatie climatique à l'aube de négociations mondiales majeures



Publié le 02.01.2023 dans le Quotidien d’Oran
par Rahal Farid*
Le changement climatique représente un enjeu international majeur depuis quelques années déjà. Plus l'humanité en ressentira les effets, plus cet enjeu s'accentuera.

Il ne s'agira plus pour les populations de consulter des cartes, des graphiques ou bien des rapports issus d'études prospectives sur l'évolution du climat, mais d'en éprouver les conséquences de ce phénomène sur leurs vies quotidiennes.

La tendance est au réchauffement de la terre à long terme en raison des niveaux record de gaz à effet de serre (GES) piégeant la chaleur dans notre atmosphère. Les huit dernières années sont probablement les plus chaudes jamais enregistrées. Les événements météorologiques de l'année 2022 ont été marqués par des vagues de chaleur que nous avons pu ressentir en Algérie. Mais qui ont aussi été ressenties en Chine, en Europe ou en Amériques. Des sécheresses historiques ont eu lieu dans de nombreux pays.

Au mois d'octobre 2022, à l'instar d'une bonne partie de l'Afrique du Nord, l'Algérie a connu une vague de chaleur exceptionnelle. Plus près de nous, les températures enregistrées lors de la dernière partie du mois de décembre à Alger, Oran et d'autres villes encore, ont été largement supérieures aux moyennes coutumières de l'ultime mois de l'année.

Le changement climatique a un caractère planétaire. Par conséquent, il requiert une coopération de l'ensemble des pays de manière efficace et appropriée, selon leurs responsabilités, leurs capacités respectives et leurs situations économiques et sociales. Il s'agit là, d'une partie de l'appel adopté dès 1992 à Rio par la Convention cadre des Nations-unies sur les changements climatiques dans son préambule. L'objectif étant de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation du système climatique de la planète. Ainsi, les pays signataires de la convention de Rio se réunissent chaque année depuis 1995 lors des conférences des parties sur les changements climatiques (COP) afin d'œuvrer à la réduction des émissions des gaz à effet de serre ainsi qu'à l'adaptation aux conséquences inévitables du changement climatique.

A l'image des précédentes conférences des parties, les résultats de la COP27 qui a eu lieu au mois de novembre 2022 en Egypte, ne sont guère encourageants et manquaient d'actions ambitieuses pour la réduction des émissions des gaz à effet de serre. Mais ce qui est positif à retenir de la COP27 est la volonté des pays en développement de demander des dédommagements aux pays riches en raison de leur responsabilité majeure et inaliénable dans le dérèglement climatique. En effet, depuis l'entrée dans l'ère industrielle au 19eme siècle, les pays industrialisés sont historiquement responsables de ce phénomène en raison de l'exploitation sans limite des énergies fossiles provoquant l'émission de quantités phénoménales gaz à effet de serre dans l'atmosphère.

Les pays en développement, surtout les plus vulnérables aux changements climatiques, sont en droit de revendiquer des réparations pour les préjudices causés par le dérèglement du climat. Il s'agit aussi pour ces pays de défendre leur droit au développement en demandant une répartition juste et équitable des efforts visant à réduire les émissions des gaz à effet de serre. En 2019, un habitant des Etats-Unis émettait près du double de ce qu'émettait un allemand qui à son tour émettait le double des émissions de gaz à effet de serre d'un citoyen algérien. Par conséquent, il est important pour les pays en développement de s'unir pour parler d'une même voix, non seulement lors des prochaines COP, mais aussi dans les différentes tribunes internationales par le biais d'une diplomatie climatique proactive. La coopération internationale concerne désormais les enjeux climatiques. Elle est portée à la fois par des diplomates de carrière mais aussi par des scientifiques dont le rôle est de réaliser des études de vulnérabilité, des prévisions et des études de scenarios. En d'autres termes, il s'agit de disposer d'arguments scientifiques à faire valoir lors des négociations et qui pourraient apporter la contradiction aux résultats scientifiques issus des pays développés. La diplomatie climatique est portée enfin par un tissu du mouvement associatif représentatif et fortement impliqué dans les questions climatiques et environnementales. La jonction des organisations non gouvernementales (ONG) algériennes avec celles des autres pays visant à lutter de concert contre le dérèglement climatique, pourrait être un appui non négligeable lors des joutes diplomatiques internationales sur le climat.

Des études montrent que les pertes et dommages causés par le dérèglement climatique étaient estimés entre 290 et 580 milliards de dollars annuellement. Est-ce que des négociations pourront contraindre les Etats-Unis ou bien l'Union européenne à payer une partie de ces sommes astronomiques ? Rien n'est moins sûr. Cependant, l'Algérie en sa qualité de puissance morale et de porte-flambeau des causes justes depuis son indépendance, peut devenir le chef de file des pays en développement pour mener ce combat, en mobilisant son appareil diplomatique, ses scientifiques et son tissu associatif.

*Dr. Universitaire - Oran - Algérie.




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