Algérie

La diplomatie algérienne forgée dans le feu de la guerre


Scène de liesse le jour de l'indépendance
C'est dans cette période qui s'étend de 1954 à 1962 que se fera la formation des jeunes diplomates algériens qui allaient jeter les bases de la diplomatie de l'Algérie indépendante après avoir mené avec brio la diplomatie du combat libérateur et celle de la paix et de l'affranchissement du joug colonial.
Si les balbutiements de la diplomatie algérienne ont commencé dès l'avènement des premières organisations politiques autochtones, avec les différents courants qui ont marqué et traversé la scène algérienne sous l'occupation coloniale, c'est en plein action de la guerre d'indépendance qu'elle sera forgée et se cristalliseront ses principes fondateurs et ses objectifs stratégiques. Depuis les premières manifestations de l'auto-structuration des Algériens au sein d'organisations politiques autonomes inaugurées par l'Emir Khaled au lendemain de la conférence de Versailles en 1919, jusqu'aux accords d'Evian, les animateurs de la vie politique algérienne, n'ont cessé de donner un écho international à leurs actions et revendications, mais ont aussi interagi avec les événements internationaux marquants et les touchant affectivement comme la question du partage de la Palestine en 1948 qui a uni pour la première fois les trois grands courants politiques de l'époque, en l'occurrence, les libéraux de l'UDMA, les réformateurs des Oulémas et les indépendantiste du PPA-MTLD. C'est de là qu'est né le principe du soutien au droit des peuples à l'autodétermination formulé clairement en 1919 par le président américains Thomas Woodrow Wilson. Si cette thèse, du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, a été développée et annoncée la première fois en septembre 1915 par les militants marxistes réunis à Zimmerwald en Suisse, pour dénoncer la guerre mondiale et pour refonder le mouvement ouvrier international trahi par les partis socialistes ayant voté les crédits de guerre dans différents pays d'Europe, c'est le président américain, dont le pays n'a pas pris part au processus colonial des XVIIIe et XIXe siècles qu'a connu l'Europe, qui en a fait l'écho et défendu le principe lors de la conférence des alliés vainqueurs, qui s'est tenue à Versailles à Paris en 1919. Le deuxième principe fondateur de la diplomatie algérienne qui, lui aussi est né avec la naissance de l'Etoile Nord- Africaine, l'ENA et partagé par les deux autres courants du Mouvement national, l'Udma et les Oulémas, est l'unité maghrébine. Ce principe a donc été un fondement et un objectif du Mouvement national algérien même si l'approche est nuancée entre l'UDMA qui prônait l'union de l'Afrique du Nord regroupant l'Algérie, la Tunisie et le Maroc alors que pour Messali et Ben Badis gagnés par l'idéologie arabo-islamique, leurs courants étaient pour l'unité du Maghreb arabe.
Avec le déclenchement de la guerre de Libération nationale, la diplomatie algérienne forte de son capital expérience acquis tout au long de la trentaine d'années allant de 1920 à 1954, allait connaître son vrai baptême des coulisses, des négociations et de victoires. C'est dans cette période qui s'étend de 1954 à 1962 que se fera la formation des jeunes diplomates algériens qui allaient jeter les bases de la diplomatie de l'Algérie indépendante après avoir mené avec brio la diplomatie du combat libérateur et celle de la paix et de l'affranchissement du joug colonial. Avant les premiers contacts officiels avec l'Etat français, le FLN révolutionnaire qui a réussi a rallier les cadres du PPA-MTLD, notamment les centralistes, ainsi que ceux de l'UDMA, grâce aux négociations menées par Abane Ramdane, le rôle de la diplomatie algérienne consistait à contrer les thèses colonialistes françaises en se familiarisant et en maîtrisant le droit international et la littérature juridique et politique favorable aux thèses indépendantistes. Les diplomates militants secondés par des juristes et des conseillers en droit devaient dont apprendre sur le tas les ficelles de la diplomatie internationale et intégrer de façon rationnelle et pertinente les préoccupations des Algériens en lutte et convaincre les différents pays d'Europe, d'Asie et d'Amérique pour, d'une part, ouvrir des représentations du FLN ou, à partir de 1958, des ambassades du GPRA, et d'autre part, arracher auprès des différentes organisations internationales (ONU, Non-Alignés, OCI...) le soutien à la révolution algérienne et la condamnation de l'occupation coloniale. Ces jeunes diplomates, produit d'une révolution en marche, ont été formés dans le feu de l'action et ont été ainsi préparés à affronter les diplomates chevronnés de la puissance coloniale française. De Melun en 1960 à Evian en 1962, les diplomates algériens n'ont pas fait que négocier l'indépendance de l'Algérie et l'avènement de l'Etat national, mais ils ont surtout veillé à ce que leurs décisions soient celles de l'Algérie sans l'interférence d'aucune autre partie aussi amie soit-elle. D'où l'autre principe fondateur de la politique extérieure de l'Algérie, à savoir, le refus de toute ingérence extérieure tout en s'interdisant toute ingérence dans les affaires de pays tiers.
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