La diplomatie algérienne, doucement mais sûrement rétrospective 2011

Il aura fallu du temps pour que la diplomatie algérienne réalise que les choses sont en train de bouger et en profondeur dans la région arabe et dans son environnement immédiat. Pourtant, le bouleversement rapide qui s'est opéré en Tunisie, dès janvier 2011, aurait pu pousser la diplomatie algérienne à saisir vite la nature des changements en cours et s'y adapter à travers un discours tranchant, clair et qui va dans le sens de l'histoire qui s'écrit à une vitesse hallucinante. La lenteur de la réaction de la diplomatie algérienne s'explique par le caractère imprévisible des révoltes en Tunisie et en Egypte et par les changements inattendus dans un laps de temps relativement court.
Cependant, c'est le basculement de la situation en Libye et l'évolution dangereuse des événements qui ont poussé la diplomatie algérienne à sortir de sa réserve et à exprimer en urgence ses inquiétudes face au risque de renforcement des groupes armés dans le Sahel. Si ces inquiétudes sont légitimes et se sont confirmées plus tard, la diplomatie algérienne est restée néanmoins timorée par rapport au vent de révolte qui a touché la région arabe et notamment l'Afrique du Nord, où trois régimes dictatoriaux ont été défaits. Certes, la diplomatie de l'ombre a été très active tout au long des événements qui ont bouleversé la Tunisie et la Libye, mais l'opinion publique nationale et internationale ne retient que les positions officielles jugées ambiguës même si le chef de la diplomatie algérienne s'en défend et estime que les positions algériennes sont claires et fidèles aux principes fondateurs de la politique étrangère basée sur les relations entre Etats et non entre régimes et sur la non-ingérence dans les affaires internes des pays. Cependant, la majorité des Algériens ont salué la position algérienne qui s'est opposée à toute intervention étrangère en Libye et dont les conséquences ont compliqué la donne dans la région du Sahel.
A. G.