Algérie

La difficile transition


Le 21 février 2021, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a promu 10 circonscriptions administratives dans le Sud du pays en wilayas à part entière. Un an, jour pour jour, après cette décision, l'une de ces wilayas a accueilli l'un de ses premiers grands événements d'envergure internationale. Il s'agit de la Journée mondiale de la langue maternelle et la Semaine des langues africaines. Des milliers de personnes venues des quatre coins du pays sont venues assister à cette rencontre. De bon augure pour cette région hautement touristique. Si la majorité des participants a été subjuguée par la beauté de Béni Abbès, il n'en demeure pas moins qu'ils font un terrible constat. «La transition vers une wilaya à part entière est encore un long chemin semé d'embûches» soulignent-ils. Une image résume à elle seule cette situation. En une semaine à Béni Abbès, nous n'avons presque pas aperçu de véhicules immatriculés «52», code de cette nouvelle wilaya. Même ceux de la wilaya ou de l'APW sont encore en «o8» (Béchar, la wilaya dans laquelle était rattaché Beni Abbès). Une anecdote somme toute banale, mais qui montre que la bataille est loin d'être gagnée. en fait, cette wilaya démarre du néant. Tout reste à faire. On fait avec ce qu'on a! La wilaya n'a pas encore de véritable siège. Même le terrain qui doit l'abriter n'a pas encore été définitivement choisi. En parallèle, de nouveaux édifices prennent forme, doucement, mais sûrement, à l'image des inspections territoriales des impôts ou autres services de l'Etat. Certains responsables de ces institutions ont été installés à leurs postes, sans connaître pour le moment leurs réelles prérogatives. «On continue de recevoir nos ordres de la wilaya de Béchar», soutient l'un d'eux. Un terrible aveu qui montre que la décentralisation que voulait instaurer le président Tebboune à travers cette décision n'est pas encore sur orbite! Cela signifie-t-il pour autant que nous sommes face à un échec'N'est-ce vraiment qu'une décision «populiste» comme la qualifiait certains' Pas du tout!À voir la joie des habitants de Béni Abbès quand on les qualifie d'habitants de la wilaya éponyme, on comprend vite les enjeux d'un tel découpage. On est dans des régions sahariennes, caractérisées par de vastes et éparses étendues. Les citoyens doivent faire des centaines, voire des milliers de kilomètres pour de simples documents administratifs. Ce découpage doit ainsi permettre de raccourcir les distances, mettre fin à certains «conflits» entre différents «aârch» de la région et ainsi «booster» le développement local. Le wali, Saâd Chenouf, a été installé à son poste il y a presque un an. Il n'a toutefois pu compter sur une assemblée élue que depuis quelques mois. Malgré cela, on sent une bonne volonté auprès de ces responsables afin de réussir ce grand défi. Jeunes et moins jeunes, riches et plus modestes, tous veulent mettre la main à la pate pour concrétiser ce rêve de toute une génération. Une symbiose populaire que l'on a pu constater lors de la double festivité de la Journée mondiale de la langue maternelle et la Semaine des langues africaines. De Béni Abbès à Kerzaz, en passant par El Ouata et Tabelbala jusqu'à Ouled Khoudir et Igli, les habitants de ces six daïras voulaient accueillir, inviter ou tout simplement rendre hommage aux participants. Ils ont tous fait preuve d'une hospitalité inégalée à l'égard de leurs convives. «Nos moyens sont limités, nous manquons de la majorité des infrastructures de base, mais nous espérons que ce nouveau statut nous permettra de sortir de notre marasme», soutient, Sid Ahmed, un jeune de la région. «Nous avons la volonté de bien faire. Nous allons travailler tous ensemble pour faire de Béni Abbès, un joyau du Sahara», poursuit-il avec beaucoup d'abnégation. Un dévouement que l'on ressent chez la plupart des «Abbabsi». Cela sera-t-il suffisant pour en faire la Californie du Maghreb' On a bien le droit de rêver...
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