Algérie

La difficile restructuration d'une société



La difficile restructuration d'une société
En Algérie, il y a ceux qui pensent que les choses vont changer et ceux qui pensent que c'est impossible. Il y a ceux qui sont traumatisés par les années de violence des années 1990 et ceux qui ont encore le courage de revendiquer. Il y a également ceux qui ont tendance à se comporter en rapaces, pour se venger du pouvoir. Mais tous ne croient plus en personne.Cela n'a pas été tout le temps le cas. A la fin de la guerre d'indépendance, fière de sa victoire et animée d'une flamme révolutionnaire, la jeunesse voulait bâtir un ordre socialiste nouveau, aller vers le développement, mettre en ?uvre une réforme agraire, construire un enseignement de masse... Dans les années 1970, et malgré que le FLN avait verrouillé le champ politique, l'opposition qui évoluait dans la clandestinité, était très active. Les jeunes étaient très politisés et avaient même démontré à plusieurs reprises leur capacité de mobilisation. D'ailleurs le printemps du 20 avril 1980, le premier mouvement populaire spontané d'opposition aux autorités depuis l'indépendance du pays en 1962, a été le début d'une remise en cause du régime algérien. D'autres mouvements de protestation vont suivre surtout que durant les années 80, l'Algérie a connu un déclin économique des plus durs avec l'effondrement des prix du pétrole. C'était alors la fin de l'Algérie rêvée de Houari Boumediène qui recherchait après la récupération de ses ressources pétrolières, à arracher son indépendance économique. Le temps des mobilisations, mais aussi celui des illusions était fini. La jeunesse algérienne qui a toujours eu la rage a décidé de réagir. Et l'explosion d'octobre 88 se produit. Le consensus de façade imposé durant les deux décennies d'indépendance a éclaté. Après les événements dudébut des années 1980, notamment à Tizi Ouzou, Sétif, Constantine, Oran, l'explosion d'octobre 88 a représenté le zénith de la frustration des Algériens. La jeunesse algérienne a saisi cette occasion pour exprimer son courroux. A la suite de cette «révolution» juvénile, le régime a concédé des reformes, notamment la liberté de s'organiser en associations politiques. Malheureusement, la révolution restera «inachevée» puisque l'avènement des années de terrorismea mis fin de fait à cette parenthèse démocratique. Près d'un quart de siècle après, la véritable démocratie n'est pas encore rétablie en Algérie. Et danssa majorité, la jeunesse algérienne d'aujourd'hui, angoissée, sans repères précis après une «sale guerre», ne semble plus s'intéresser à la chose politique. Une jeunesse qui n'a pas eu droit de vivre sa jeunesse et qui, lasse d'être opprimée, persécutée, n'aspire plus au changement. Comment l'Algérie peut-elle alors changer ' Pour changer le pays, la société ne doit-elle pas être prête à changer ' La société algérienne frileuse, convalescente, qui sort d'une décennie noire, refuse de s'engager dans d'autres processus d'instabilité. En réalité, la jeunesse algérienne n'a pas été encadrée. Les années de terrorisme n'ont pas permis la continuité de la formation d'une réelle société civile. Si la jeunesse semble être moins politisée aujourd'hui c'est à cause de la démission des élites et du travestissement de la chose politique et del'absence de pôles de référence comme l'était l'université. Quant à l'élitealgérienne, qui est censée être la locomotive de la société, elle est effacée malgré ses petites tentatives de s'exprimer ça et là. En Algérie, un véritable espace de débat public et politique reste à créer. Aujourd'hui et alors que la société semble divisée sur un quatrième mandat pour le président Abdelaziz Bouteflika, ceux qui ont choisi de manifester contre la candidature du chef de l'Etat n'ont malheureusement pas réussi à convaincre des Algériens, qui pourtant partagent la même idée, à rejoindre le mouvement de protestation. Même s'ils sont nombreux à être contre un quatrième mandat, les Algériens donnent leur avis sur les blogs, les réseaux sociaux... Mais refusent de manifester. Cela ne veut nullement dire que ceux qui ont choisi la voie publique sont plus politisés que les autres mais juste qu'un front d'opposition bien fort n'a pas réussi à se former. Par manque de structuration de la société mais aussi par dépit. Les Algériens refusent de «payer à chaque fois les pots cassés» pour finalement ne point voir pointer ...le changement. Les Algériens ont alors décidé d'être démissionnaires voire, se désister totalement de la vie publique et politique du pays. Ils sont pourtant les détenteurs théoriques de toute la souveraineté. L'avenir de l'Algérie, quel qu'il soit, est la responsabilité de tous. LesAlgériens qu'ils choisissent le changement ou la continuité doivent s'affirmer. Ils doivent prendre des initiatives afin de parachever ce qui a commencé un certain octobre 1988.H. Y.




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