Algérie

La difficile mission des nouveaux députés


L'Algérie est aux portes d'une échéance politique majeure. L'une des principales conséquences qui en découlera sera le renouvellement du personnel politique. Les nouveaux députés, qui seront majoritaires dans l'Assemblée populaire nationale, devront faire face à une opinion publique très exigeante, une opposition hors APN, pour le moins, hostile à tout ce qui se rapporte aux institutions de la République et un pouvoir exécutif qui, traditionnellement, «prend ses aises» avec les députés de la majorité et ignore ceux de l'opposition. Ce tableau «emprunté» à la séquence politique d'avant le 22 février 2019, s'imposera de fait au nouveau personnel politique, dont la lourde mission sera de faire évoluer les rapports de force d'un côté, comme de l'autre. Réputé «effacés» sur l'échiquier politique, les nouveaux représentants du peuple devront réinventer la politique, en menant une sorte de «révolution» dans la manière d'aborder le débat, l'interpellation de l'Exécutif ou encore l'affirmation de leur statut auprès des Algériens et des opposants hors APN. Ces derniers qui, faut-il le relever, comptent énormément dans les débats médiatiques, et s'autorisent, pour certains, des comportements, pour le moins déplacés, imprimeront d'une manière ou d'une autre les débats politiques futurs.L'Algérie ne fait pas exception, en ce sens que pareil schéma existe dans tous les pays démocratiques, où l'on enregistre au sein d'une même classe politique, des partisans du pouvoir, des opposants parlementaires et d'autres qui n'émargent dans aucune institution, mais pèsent néanmoins, sur la scène et parviennent à mobiliser autour de questions précises, en marge des préoccupations essentielles de la société. Celle-ci s'exprimant régulièrement à travers les urnes, départage les uns et les autres et fixe donc ses propres priorités. Mais rien n'empêche cependant le débat et les accusations mutuelles entre groupes politiques d'être permanents.
Au lendemain des élections législatives du 12 juin prochain, la scène nationale présentera les mêmes configurations qu'ailleurs, avec la grande différence, cependant, que l'opposition hors APN se revendiquera d'une légitimité de la foule et refusera celle des urnes aux représentants du peuple, issus des élections. Cette suspicion permanente qu'entretiennent les opposants qui ne s'inscrivent pas dans les institutions de la République, les conforte auprès de leurs partisans, souvent extrêmement minoritaires, mais très bruyants.
Cette posture qu'adoptent les boycotteurs des prochaines joutes électorales pour rester connectés à la foule, permet une grande visibilité médiatique, sans le fardeau de la responsabilité politique. Un état de fait qui «libère» certains leaders de la contrainte du «politiquement correct» et les amène à des postures en contradiction totale avec les us politiques dans n'importe quel pays démocratique. L'opinion publique est généralement séduite par des propos incisifs et peut accorder du crédit à des leaders qui, dans la réalité, la mènent droit dans le mur. Et c'est essentiellement la corde de la légitimité des urnes sur laquelle tirent ces opposants, qui bloque, bien plus qu'elle ne résout, la problématique démocratique en Algérie.
On se retrouve ainsi avec des envolées sans queue ni tête, des entraves gravissimes à la morale collective et des situations burlesques où le leader politique se laisse entraîner par la foule qui, à force de «légitimité» de la rue et des séjours carcéraux, sécrète sa propre «élite» qui ne croira jamais aux vertus du dialogue et du débat démocratique, pour la simple raison qu'elle n'en a pas les ressources. Et les soi-disant animateurs du Hirak qui multiplient les «errements» politiques, n'offrent rien d'autre que la poursuite de la «révolution» ad vitam aeternam. Et en remettant systématiquement en cause la régularité de tous les scrutins, ils mettent la scène nationale dans l'impossibilité de se construire dans la sérénité et la sanction des électeurs.
Cette image que donne d'elle la classe politique nationale ne permet pas d'envisager, dans l'immédiat en tout cas, un apaisement des tensions, à moins que les députés de la nouvelle Assemblée populaire nationale parviennent à convaincre les Algériens de l'utilité de l'institution où ils siègent. La mission est d'autant plus difficile qu'ils sont tous novices en matière de politique.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)