Productrice de gaz et de pétrole, l'Algérie est totalement autosuffisante en énergie mais depuis une vingtaine d'années, la consommation progresse alors que la production stagne, voire diminue comme en 2019. C'est ce que relève le groupe bancaire français Crédit Agricole dans sa dernière publication Perspectives, de vendredi dernier.À la fin de l'année dernière, constate le groupe bancaire français, "le pays a consommé plus de la moitié du gaz et 31% du pétrole produit alors que ces taux étaient inférieurs de moitié en 2001". Depuis cette date, Ils n'ont cessé de se détériorer. Le Crédit Agricole évoque plusieurs explications à cette évolution défavorable.
D'une part, indique-t-il, la croissance démographique est très soutenue à plus de 2% par an (soit 820 000 habitants de plus chaque année), les besoins de la population sont plus importants et la consommation d'énergie est en hausse de 4,6% par an en moyenne au cours des vingt dernières années.
"La population est passée de 35 à 43 millions d'habitants entre 2008 et 2019 mais la production d'électricité, essentiellement issue du gaz, a, elle, été multipliée par deux au cours de cette période", note le groupe bancaire français.
Deuxième phénomène, la production d'hydrocarbures d'ordinaire plutôt stable au cours du temps a marqué le pas l'année dernière. La production de pétrole a diminué de 2% en moyenne entre 2017 et 2019 et la production de gaz s'est contractée de 8% en 2019.
Selon l'Office national des statistiques (ONS), au premier trimestre 2020, la valeur ajoutée des hydrocarbures a connu de nouveau une baisse importante de 13,4% contre une baisse de 7,1% durant le même trimestre de l'année précédente.
"Victime d'un sous-investissement depuis quelques années, l'appareil productif algérien d'hydrocarbures est vieillissant. Il a besoin à la fois de renouvellement et de mise en exploitation de nouveaux champs", indique Le Crédit Agricole.
Cet effet ciseaux, ajoute le groupe bancaire, a détérioré la balance commerciale du pays car l'effet volume s'est alors rajouté à celui des prix plus bas depuis 2014. "Les exportations en volume baissent peu mais très régulièrement depuis cinq années", note-t-il.
"Compte tenu de la très forte sensibilité et dépendance de l'économie algérienne à la rente pétrolière et gazière, la pression que ce phénomène exerce sur les exportations pèse sur le déficit de la balance courante, elle-même déjà affectée par des prix peu élevés depuis six ans", affirme Le Crédit Agricole.
"Ces déficits cumulés entre 2014 et 2020 vont représenter le ratio très élevé de 80% du PIB du pays en tenant compte d'un déficit probable à 13% cette année 2020", prévoit le groupe bancaire français.
"Outre des économies dans la consommation et compte tenu d'un prix de l'énergie probablement très contraint dans les prochains trimestres, la mise en exploitation de nouveaux champs et le développement de nouvelles sources d'énergie deviennent particulièrement urgents pour répondre à la hausse de la consommation et éviter de pomper tous les mois dans les réserves en devises afin de combler les déficits externes", estime Le Crédit Agricole.
Meziane RABHI
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Posté Le : 13/09/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Meziane RABHI
Source : www.liberte-algerie.com